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Pour le pop/rock, c'est ici
Pour
le jazz, c'est là
Et
pour l'électro, c'est là
MUSIQUE CLASSIQUEVous
allez trouver sur cette page un grand nombre de références
en musique dite "classique". Il s'agit des chefs-d'œuvre parmi les
plus reconnus des compositeurs évoqués, mais volontairement limités à un nombre "raisonnable"... Sauf exception, je ne
conseille pas d'interprétation, car celles que j'apprécie datent souvent de
l'époque de ma découverte de ces œuvres, et ne correspondent pas
aux interprétations à la mode aujourd'hui. En revanche, quand je précise une interprétation, c'est
qu'elle est toujours considérée comme une référence exceptionnelle,
voire indépassable, traversant les époques et les modes, devenue
indissociable de l'œuvre jouée, aux yeux des connaisseurs. Prenez
votre temps, car il y a là sans doute des centaines d'heures de
musique sublime qu'on ne consomme pas comme un hotdog... Et sachez que
découvrir une grande œuvre se fait en l'écoutant pour elle-même,
comme à un concert, sans avoir l'esprit occupé à autre chose ! S'il
vous plaît, ne vous contentez pas des haut-parleurs de votre
ordinateur... Et si ça ne "passe" pas du premier coup, attendez et revenez-y
plus tard. Votre sensibilité a encore besoin de s'affiner, de
s'éduquer, de passer par d'autres voies...
Pour écouter gratuitement la plupart des morceaux évoqués, tentez votre chance sur MusicMe plutôt que sur Deezer, pauvre pour ce genre musical...
Les noms des œuvres conseillées sont en italiques grasses, ceux des morceaux qui sont juste cités mais pas spécialement conseillés sont en italiques normales...
ANNEXE II : A lire si vous n'y connaissez rien ou pas grand-chose... ____________________________________________________
____________________________________________________
XVIIème
HUME Tobias (1569-1645)
Ça n'est pas ce qu'on peut appeler un grand compositeur, et il n'a
peut-être pas sa place dans ce guide, mais je mentionne néanmoins ce
soldat musicien écossais parce que sa musique est principalement composée pour viole
de gambe solo, instrument qu'il jouait, et dont il tire
un univers original, plein de charme et envoûtant. En effet, écouter
ces pièces variées et sobres à la fois fait merveilleusement goûter la
beauté du timbre de cet instrument, riche et dépouillé, noble et
sensuel, profond et suave. Son œuvre comporte deux recueils de pièces,
The First Part of Ayres et Captain Humes Pœticall Musicke, mais on n'en trouve que des sélections, dont les plus belles sont jouées par Jordi Savall ou encore Susanne Heinrich... Harke, harke est un bijou particulièrement emblématique de cette musique inspirée, profonde, douce et mélancolique.
ALLEGRI Gregorio (1582-1652)
L'œuvre la plus célèbre de ce compositeur italien est son Miserere,
musique vocale et sacrée pour deux chœurs "a cappella" (sans
accompagnement instrumental) d'une grande beauté. Les deux chœurs
(un à 4 voix, l'autre à 5) sont situés à des endroits différents de l'église et se répondent,
l'ensemble étant d'une grande pureté et d'une grande force
émotionnelle. Ça ne dure qu'une petite dizaine de minutes à peine...
BUXTEHUDE Dietrich (1637-1707)
Compositeur
allemand connu surtout par sa musique pour orgue, parce qu'elle a
influencé le jeune Bach qui l'admirait, et qui y a manifestement trouvé
une source d'inspiration, il compte en effet parmi les grands
compositeurs baroques pour cet instrument. Certains le mettent même au
niveau de Bach, mais, si ses compositions sont riches, variées, d'une
belle diversité, inventives, il lui manque néanmoins le génie mélodique
de son célèbre successeur, et on ne trouve quasiment pas de ces beaux
airs qui marquent et font les chefs-d'œuvre. Je le mentionne néanmoins
car sa musique est vivante et, bien que pas très facile d'accès, vaut
de s'y plonger pour en découvrir les finesses. Parmi ses 80 œuvres
pour orgue, les pièces les plus faciles d'accès, les plus
séduisantes, sont des pièces répétitives et intenses :
- Chaconne en do BuxWV 159
- Chaconne en mi BuxWV 160
- Passacaille en ré mineur BuxWV 161
Il a aussi composé beaucoup de musique sacrée vocale, des cantates, dont le cycle le plus connu et sans doute le plus beau est "Membra Jesu Nostri" BuxWV 75, suite de 7 cantates ayant pour thèmes les plaies du Christ, et valant par la tristesse qui les caractérise.
PACHELBEL Johann (1653-1709)Évidemment, je ne peux pas passer sous silence l'œuvre ultra et mal connue de ce compositeur allemand, le Canon et Gigue en ré,
constitué d'un thème et de 12 variations, plus connu sous l'appellation abrégée "canon de Pachelbel". N'écoutez plus les
versions romantiques qu'on a tirées de cette musique, et qui en font
une guimauve particulièrement éthérée, étirée et molle. D'accord,
cet arrangement moderne est beau, mais c'est tout de même sirupeux,
grandiloquent, quasiment mortuaire, et n'a plus grand chose à voir avec
l'original, musique du XVIIème siècle et non romantique... D'ailleurs, il
est composé pour seulement 3 violons et basse continue... Alors, pour en goûter vraiment le sel, écoutez
une version dite "baroqueuse", jouée à un tempo correct, et vous
verrez que c'est en effet une jolie musique, mais beaucoup plus
vivante, et pas vraiment un chef-d'œuvre, d'ailleurs... Comme c'est
très difficile à trouver, car il existe des centaines de versions
"modernes" et très peu de baroques, j'en cite une, qui plus
est bon marché, mais pas forcément la meilleure : Pachelbel, canon et gigue, Chamber works, par l'ensemble London Baroque, chez Harmonia Mundi, collection Musique d'abord. Bon,
ça fait un bien long paragraphe pour une si petite pièce somme toute
mineure, mais c'est pour la bonne cause, et j'en profite pour vous
signaler que Pachelbel a aussi composé des cantates et de nombreuses
pièces pour orgue qui valent le détour... Par exemple, on peut noter particulièrement deux pièces magnifiques : - Chaconne en ré mineur : pièce très gracieuse au début, qui prend de l'ampleur et devient grandiose à la fin. - Chaconne en fa mineur : une merveille de beauté et d'émotion, bien mieux que le fameux canon... PURCELL Henry (1659-1695)Traditionnellement
reconnu comme le plus grand compositeur anglais,
Purcell, qui n'a malheureusement vécu que 36 ans, avait un grand sens mélodique, et si on trouve dans ses (semi-)opéras des
longueurs (inévitables dans ce registre), les beaux airs s'y
rencontrent aussi, mêlant émotion, humour, tristesse
etc. Ainsi, dans sa musique chantée, on trouve : - Didon et Énée
: son seul vrai opéra (c'est-à-dire où tout est chanté, ce qui est
assez rare à l'époque), célèbre surtout pour la scène finale, la mort
de Didon, où la force tragique et la douleur atteignent les sommets de
la musique, avec un goût parfait qui renvoie toutes les boursouflures
wagnériennes futures (comme les soubresauts pachydermiques de la mort d'Isolde par exemple) à la casse
pour panzer... Et en plus,
c'est un opéra court (un seul CD) qui peut être une bonne initiation à
ce genre. Je vous conseille d'écouter une version où le rôle de Didon
est chanté par Tatiana Troyanos, dont la voix est particulièrement
chaude et émouvante, peut-être la plus belle Didon : Purcell
: "Dido & Aeneas", Tatiana Troyanos, Richard Stilwell,
Felicity Palmer, English Choir English, Chamber Orchestra, dirigé par
Raymond Leppard, publié par Apex - Le roi Arthur (King Arthur)
: sans doute le semi-opéra (hybride entre le théâtre et l'opéra) le
plus connu de Purcell, notamment pour l'"air du froid". Il compte
quelques-uns des beaux airs du compositeur, et s'écoute d'une traite
avec plaisir, alternant joie, fraîcheur, tristesse, gravité,
légèreté etc, et toujours d'une agréable vitalité, avec des airs entraînants...
La
difficulté avec Purcell, c'est qu'on aimerait en faire un "best
of", pour réunir ses plus beaux airs, piochés un peu partout,
car ils sont disséminés dans tous les registres de ses œuvres...
Je peux en tout cas conseiller :
-
"Here the Deities approve",
dans l'Ode à Sainte Cécile intitulée "Welcome to all the
pleasures"
-
"O Solitude"
-
"Music for a while",
tiré de "œdipus"
-
"The Plaint (Let me weep)",
dans "The Fairy Queen"
-
"Ah! Ah! Ah! Belinda I am press'd",
et "When I am laid in Earth",
tous les deux tirés de "Didon et Énée", signalés plus
haut et magnifiques...
-
"Wondrous machine",
tiré de "Hail! Bright Cecilia".
-
"What power are thou"
(le fameux "air du froid"), Passacaille "How
happy the lover"...
suivi de la ritournelle "For love ev'ry creature"
dans le "King Arthur" déjà signalé.
La Musique pour les Funérailles de la Reine Marie est une musique religieuse posée, sobre, dont l'ouverture célèbre, funèbre et solennelle, est recommandable.
A
titre personnel, je vous conseille une anthologie qui, loin de réunir
tout ce qu'il y a de beau, regroupe quelques-unes de ses chansons les
plus méditatives, dans le dernier disque enregistré en 1978 (moins
d'un an avant sa mort) par Alfred Deller, l'homme qui a remis la voix
de haute-contre au goût du jour dans les années 60. La voix est
très spéciale et différente de celle des haute-contre actuels,
mais elle est ici émouvante, dépouillée, notamment pour le célèbre
et magnifique "Music for a while",
accompagnée juste par une viole et un clavecin...
Purcell
: "Music for a While", Alfred Deller (voix), William
Christie (clavecin), Wieland Kuijken (viole de gambe), publié par
Harmonia Mundi
On
peut aussi écouter avec plaisir les 8 suites pour clavecin de
Purcell, ensemble de pièces agréables, pas profondes ni très
riches, mais charmantes par leur simplicité et leurs qualités
mélodiques. Il faut ajouter à cela quelques pièces isolées, comme
le Ground
en ré mineur Z 222,
et A
new Ground en mi mineur Z 682,
cette dernière pièce étant particulièrement belle...
XVIIIème
COUPERIN François (1668-1733)
A ne pas confondre avec Louis et Armand-Louis (l'oncle et le cousin, eux aussi
compositeurs, mais de moindre importance). Grand spécialiste du
clavecin, il a laissé 4 livres de pièces pour cet instrument, divisés
en 27 ordres, totalisant plus de 230 morceaux... Il est considéré comme
le maître absolu de cet instrument, et chacune de ses pièces est une
miniature, où se mêlent grâce, légèreté, délicatesse, humour,
tendresse, beauté etc. Le goût français par excellence. Dans cet
ensemble, on peut noter, parmi les plus belles pièces : Premier livre : Ordre 1 : Allemande l'Auguste, Première courante, Les Sylvains. Ordre 2 : Les Idées Heureuses, Allemande La Laborieuse, La Garnier, La Flatteuse. Ordre 3 : La
Ténébreuse, La Favorite. Ordre 5 : La Logivère, La tendre
Fanchon, La Flore, Les Agréments. Second livre : Ordre 6 : Les Barricades mystérieuses
(sa pièce la plus célèbre), Les Bergeries. Ordre 7 : La Ménétou. Ordre 8 : La Raphaële, Passacaille, La Morinète. Ordre 11 : La Castelane, Les Graces-naturelles, Les fastes de la grande et ancienne Mxnxstrxndxsx (Ménestrandise). Troisième livre : Ordre 13 : Les Lys naissants, Les Roseaux, Les Folies françaises. Ordre 17 : La superbe ou la Forqueray. Ordre 18 : Allemande La Verneuil. Ordre 19 : La Muse Plantine, L'artiste. Quatrième livre : Ordre 21 : La Reine des cœurs, La Couperin, La Harpée, La Petite Pince-sans rire. Ordre 22 : Le Point du jour, Allemande. Ordre 24 : Les Vieux Seigneurs, L'Amphibie. Ordre 25 : La mystérieuse, Les Ombres errantes. Ordre 26 : La Convalescente, L'Épineuse. Ordre 27 : L'Exquise, Allemande.
A cela s'ajoute L'art de toucher le clavecin, petit recueil de 9 pièces courtes (8 préludes et une allemande), où rien n'est à jeter... Si déjà vous aimez ces pièces, vous voudrez découvrir le reste... Pour cette musique gracieuse et pleine de charme, le clavecin convient mieux que le piano.
A compléter... VIVALDI Antonio (1678-1741)
Bien sûr, tout le monde connaît les "4 saisons", et on croirait que Vivaldi n'a rien composé d'autre. D'abord, c'est un fait, les 4 saisons, qui sont 4 des 12 concertos pour violon opus 8,
sont en effet un chef-d'œuvre, et il faut réussir à oublier qu'on
les a entendues partout pour les goûter à leur juste valeur (c'est un
compositeur à écouter plutôt dans des interprétations baroques).
Ensuite, ce violoniste vénitien a composé beaucoup d'autres concertos pour formations diverses aussi
intéressants (classés des opus 1 à 14), beaucoup d'opéras, et aussi des
musiques vocales religieuses (on parle alors de musique sacrée). C'est
sans doute parmi ces dernières que figurent ses plus belles œuvres : - Stabat Mater RV 621 : le chef-d'œuvre, empreint d'une tristesse douloureuse, pour voix d'alto. Incontournable. - Nisi Dominus RV 608 : certains passages lents et tristes sont très beaux. - Dixit Dominus RV 595 : plus serein, mais du même genre. - Magnificat RV 610 - Gloria RV 588 : alternance de la vitalité rayonnante des chœurs et de la beauté douloureuse du chant soliste. - Gloria RV 589 : à peu près la même chose. - Laudate pueri RV 600- Laudate pueri RV 601 : comme la précédente, une cantate pour une voix soliste, à la fois virtuose et émouvante. - In furore RV 626
Si
vous aimez sa musique orchestrale ("4 saisons"), et son caractère vivant, chantant, ensoleillé,
vigoureux et tendre, qui sont les caractères principaux de la musique de vivaldi, alors vous allez sans
doute apprécier un certain nombre de ses divers concertos, parfois
faits à la chaîne, assez souvent dans un même style, mais agréables
dans l'ensemble, souvent (très) courts. Dans les concertos pour cordes,
par exemple, composés de trois mouvements oscillant entre 1 et 3 minutes
(!), on trouve quelques perles mélodiques : RV 109 (mvt 1), RV 110 (mvt 1), RV 112 (mvts 1 et 2), RV 120, RV 127 (mvts 1 et 3), RV 143 (mvt 1), RV 152 (mvts 1 et 3), RV 156 (mvts 1 et 3), parmi d'autres, chacun étant tellement bref qu'on regrette que les thèmes ne soient pas plus développés... Parmi ses concertos pour flûte, les plus beaux sont le RV 439, dit "La Notte", et RV 441. Le style est très proche des "4 saisons".
Il y a aussi évidemment les célèbres :
- Concerto pour mandoline en do majeur RV 425 : délicieux de fraîcheur.
- Concerto pour deux mandolines en sol majeur RV532 : au très joli et connu mouvement central.
- Concerto pour luth en ré majeur RV 85 : lui aussi très connu pour son tendre mouvement lent.
- Concerto pour 2 violoncelles en sol mineur RV 531
On
notera aussi ses sonates pour violoncelle et basse continue RV
40, 41, 43, 45, 46
et 47, notamment la 40 pour son très beau
troisième mouvement (largo), et la 46 pour son premier mouvement
(largo).
A compléter...
RAMEAU Jean-Philippe (1683-1764)
Compositeur
français surtout connu pour ses opéras (une trentaine), c'est un
des grands musiciens baroques. Malheureusement, l'opéra est à
l'époque très codifié, et obéit à des conventions, notamment
celle de devoir plaire à la Cour, ce qui fait que les livrets sont
en général d'une indigence affligeante, entre mythologie de bazar
et ode à la gloire du roi ; et une préciosité passablement
ridicule, n'en déplaise aux baroqueux, grève l'intérêt d'une
grande partie de ces œuvres. Rameau y fait pourtant preuve d'une
certaine invention, d'une assez belle richesse mélodique, et
d'orchestrations aux sonorités aériennes, mais les perles sont
assez rares et enfouies sous les platitudes maniérées de l'époque,
rendant pénible l'écoute intégrale de ces opéras... C'est
pourquoi je ne donne pas de conseil précis. Il faudrait isoler les
plus beaux morceaux, et en faire un "best of",
notamment certaines ouvertures comme celle de Zais,
magnifique, alternant coups de timbales et montées de cordes
ensoleillées... On peut cependant mentionner une version des Indes
Galantes
qui n'en garde que les suites orchestrales, et qu'on trouve sous le
nom "Les
Indes galantes, suites d'orchestre"
: elle donne une bonne idée de la vitalité de cette musique
dansante, pleine de bonne humeur communicative. C'est là que l'on
entend le délicieux air
des sauvages.
La suite d'orchestre tirée de l'opéra Dardanus
donne aussi une bonne idée de cette musique légère, charmante, à
défaut d'être géniale. On retrouve cette vitalité et la clarté
des couleurs orchestrales de Rameau dans les très agréables suites
de ballets tirées de Les
Fêtes d'Hébé
et Hyppolite
et Aricie.
Mais
il a aussi et surtout composé 3
Livres
de pièces pour le clavecin,
divisés en 5 suites qui tiennent sur 2 CD, qui sont sans doute ce qu'il a fait de mieux. C'est une musique variée,
vivante, mais moins riche, moins gracieuse et moins haute en
chefs-d'œuvre que les pièces de Couperin. Cette musique passe bien
aussi au piano, mais je la préfère personnellement au
clavecin, comme celle de Couperin. A noter particulièrement :
le
Prélude
de la suite
en la
du premier livre, la gigue
en rondeau I,
Le
rappel des oiseaux
et La
musette en rondeau de
la suite
en mi
du 2ème livre, appelé "Pièces de clavecin", Les
tendres plaintes,
Les
niais de Sologne et
Les
soupirs
de la suite
en ré du
2ème livre, la Gavotte
avec 6 doubles
de la suite
en la
du 3ème livre, et La
poule
et Les
sauvages
de la suite
en sol
du 3ème livre (liste non exhaustive).
Parmi
les interprétations au clavecin, une se détache des autres, par la
beauté sonore de l'instrument, la qualité de la prise de son et le
jeu d'une lisibilité et d'une sensibilité exemplaires : Rameau : intégrale des œuvres pour clavecin par Scott Ross, mais édition épuisée...
Avec
la musique de Rameau, on est moins dans le génie que le
charme, et la saveur de cette musique nécessite des interprétations
baroques colorées, enlevées, dansantes, vivantes, alertes etc. Il y
faut du relief.
BACH Johann Sebastian (1685-1750)
Considéré
à peu près comme le plus grand compositeur de tous les temps, tôt ou
tard, si on aime la musique, on y arrive, et on ne le quitte plus. Avec
1127 numéros d'opus (œuvres recensées), il vaut mieux ne pas
l'attaquer de front et avoir quelques conseils...
- Suites pour violoncelle seul BWV 1007 à 1012
: 6 suites de danses pour un instrument aux sonorités chaudes,
émouvantes, profondes, parmi ce que Bach a fait de plus beau. C'est
dépouillé, intime, magnifiquement chantant, vivant, profond, varié.
Sublime... On peut apprécier des versions baroques et d'autres dites
"modernes", les deux approches étant sensiblement différentes, mais
également belles. Pour les interprétations baroques, je conseille
celles de Jaap Ter Linden, Jean Guyhen Queyras ou encore d'Alexander
Rudin. Pour les interprétations modernes, mes préférences vont à Pierre
Fournier et Paul Tortelier... Ces œuvres font partie de ce qu'on
emporte sur une île déserte... - Sonates et partitas pour violon seul BWV 1001 à 1006 :
à peu près les mêmes remarques mais pour une suite de 3 sonates et 3
partitas pour violon. L'instrument est moins sensuel, moins chaud que
le violoncelle, mais plus virtuose et donne vraiment l'impression de
s'élever vers un niveau de sensibilité supérieur, d'être plus
intelligent... Préférez plutôt des versions non baroques, ces
dernières étant souvent plus froides, plus grinçantes, moins
émouvantes...
Bach
a beaucoup composé pour clavier (clavecin à l'époque), dont voici
quelques chefs-d'œuvre, que vous pouvez écouter soit dans des
interprétations respectueuses de l'instrumentation d'époque, au
clavecin, soit au piano, instrument postérieur à la vie de Bach. C'est
beau dans tous les cas, et c'est à vous de voir quelles sonorités vous
préférez : - Variations
Goldberg BWV 988
: l'un des phares les plus réputés de la musique de Bach, c'est un
ensemble composé d'un air (aria), de 30 variations sur ce thème et du
retour de l'air, soit 32 courts morceaux pour clavecin qui
s'enchaînent. C'est varié, vivant, fin, intelligent, subtil, coloré,
enthousiasmant, et ça met franchement de bonne humeur. Je vous conseille d'entendre cette musique au piano,
car, d'une part, c'est sans doute plus facile d'accès que le clavecin quand on n'est pas habitué, et d'autre part le
jeu gagne en lisibilité, en nuances, en finesse. Et là, bien qu'on
puisse la décrier, il faut avoir entendu au moins
une fois la version de Glenn Gould, l'un des pianistes les plus
controversés des années 50 à 70, à cause de ses partis pris excessifs. C'est
fascinant et magnifique. Bach : Variations Golberg BWV 988 par Glenn Gould, Sony (version de 1981) Bien sûr, ses œuvres les plus réputées dans ce domaine, après les "variations Goldberg", sont l'Art de la fugue, le Clavier bien tempéré, et l'Offrande musicale,
considérés comme le summum de l'art du contrepoint. Or, sans tenter de
vous expliquer ce que c'est, sachez que c'est un type de composition
plus centré sur des jeux de structures que mélodiques, ce qui signifie
que, si c'est techniquement passionnant, c'est nettement moins facile
d'accès que des pièces davantage basées sur une approche mélodique,
moins intellectuelles et souvent plus séduisantes et émouvantes. C'est
pourquoi je conseillerais plutôt : - six suites françaises BWV 812 à 817
: beaucoup moins ambitieuses que les œuvres citées précédemment, elles
présentent une musique agréable, sensible, vivante, qui s'écoute dans la
continuité (un seul CD pour les 6 suites), avec beaucoup de
plaisir... Goût personnel : la version de Glenn Gould au piano reste
unique et d'une lisibilité exceptionnelle... -
six partitas BWV 825 à 830
: 6 suites de 6 à 7 mouvements (de danse pour la plupart), musique fine, émouvante, délicate, variée, colorée, vivante,
avec des lignes mélodiques charmantes.
- Concerto italien en fa majeur BWV 971
: parmi les pièces les plus connues de Bach, c'est un feu d'artifice,
de bonne humeur, sauf le mouvement central, marqué "largo",
particulièrement émouvant et beau... Un grand "classique".
L'œuvre
de Bach comporte beaucoup de compositions vocales religieuses. Dans
le registre de la musique sacrée, il est surtout connu pour avoir
composé trois grandes œuvres monumentales, où alternent les airs
solistes et les chœurs, dont certains sont magnifiques : - La Passion selon Saint Jean BWV 245 : œuvre
monumentale (2 heures), parmi les plus célèbres de Bach, réputée
pour la beauté de ses chants, mais il faut savoir qu'elle est
surtout constituée d'un dialogue entre les récitants et le chœur,
pour respecter la liturgie, ce qui peut paraître long et assez
monotone à une oreille non habituée à ce type d'œuvre. Il n'est
donc pas sacrilège de se fournir une compilation élaguant tous les
récitatifs et regroupant les airs les plus beaux, qui sont, par
numéros (ne correspondant pas aux plages des CD, il faut consulter la liste des titres pour ça) : -
1. le chœur d'ouverture, "Herr, unser Herrscher",
d'une intensité dramatique rare à cette époque, quasi romantique,
d'un souffle unique, qui vous plonge tout de suite dans le sublime.
Une des plus belles pages de l'histoire de la musique. Si vous
n'aimez pas ce premier morceau, ça n'est pas la peine d'aller plus
loin dans l'œuvre... Pour l'île déserte. - 7. "Von den Stricken meiner Sünden",
un air pour contralto doux et agréable. - 9. "Ich folge dir gleichfalls mit freudigen
Schritten",
air pour soprano, frais, délicieux, accompagné par une flûte qui
prend le relais de la voix. - 20. "Erwäge, wie sein blut gefärber
Rücken",
longue et douce complainte pour ténor sur les souffrances du
Christ. - 30. "Es ist vollbracht",
lente lamentation pour contralto sur la mort du Christ coupée par
un chœur énergique plein de force. - 35. "Zerfliesse, mein Herze",
complainte magnifique pour contralto, émouvante, alliant la
délicatesse, la luminosité du chant, et la profondeur sombre de
l'orchestre. - 39. "Ruht wohl, ihr heilige Gebeine", belle mélodie calme,
sereine, apaisante chantée par le chœur. - La Passion selon Saint Mathieu BWV 244 : plus fournie en musiciens que la précédente, fait chanter deux chœurs qui se répondent (au lieu d'un). Mêmes qualités que la précédente et un voyage de 2H40,
où les étapes les plus belles sont :
-
1. Chœur d'ouverture "Kommt, ihr Töchter, helft
mir klagen",
moins fougueux, fiévreux, romantique, que celui de la Passion selon
Saint-Jean, mais tout aussi douloureux et intense.
-
10. "Buss' und Reu'",
belle mélodie pour contralto rehaussée par des flûtes.
-
36. "Ach, nun ist mein Jesus hin",
air pour contralto avec chœur,
-
47. "Erbarme dich, mein Gott",
air pour contralto sublimement douloureux. L'un des plus beaux airs
de Bach, à mettre de côté pour l'île déserte.
-
61. "Können Tränen meiner Wangen nichts
erlangen",
même qualité.
-
75. "Mach dich, mein Herze, rein",
air pour basse, ample, calme, serein, fervent aussi...
-
78. "Wir setzen uns mit Tränen nieder",
chœur final magnifique, ample, profond et doux.- Messe en Si mineur BWV 232
: à la grande différence des Passions, cette messe n'a pas les
récitatifs qui les alourdissent sensiblement, par leur caractère
monotone et répétitif. Tout est chanté sur des airs variés, contrastés,
riches, tantôt doux, tantôt puissants avec des chœurs accompagnés de
cuivres éclatants. C'est donc une œuvre plus accessible, mais où les
beaux airs sont plutôt moins nombreux. Il y en a néanmoins quelques-uns
parmi les plus beaux qu'il ait composés : - dans le Kyrie, le chœur d'ouverture, "Kyrie eleison",
est magnifique de puissance, de douleur et de ferveur, un de ces morceaux intemporels pour l'île déserte...- dans le Gloria, la partie VII, "Qui sedes ad dexteram Patris", air pour contralto. - dans le Credo, la partie IV, "Et incarnatus est", est un chœur très doux, lent, funèbre, profond et douloureux. La partie V, "Crucifixus", présente les mêmes caractères et la même beauté. La partie X, "Et expecto", est aussi un des beaux passages.- Enfin, dans l'Agnus Dei,
qui clôt l'œuvre, la première partie qui porte le même nom est un des
airs les plus sublimes de l'histoire de la musique, et un des deux ou
trois plus beaux de Bach. C'est à nouveau un chant pour contralto,
douloureux et plein de grâce, à emporter sur l'île déserte... On
le retrouve d'ailleurs dans la première partie de l'Oratorio
de l'Ascension,
BWV 11, morceau IV, sous le titre "Ach
bleibe doch, mein liebtes Leben".
-
Messe en sol mineur BWV 235
: œuvre de proportions beaucoup plus modestes que les précédentes,
elle en a néanmoins les qualités et la beauté des plus beaux
passages. Sur les 6 mouvements, un seul ne s'impose pas (Qui
tollis),
tout le reste étant superbe, le chœur du Kyrie
qui ouvre la messe, celui du Gloria
qui suit, l'air pour basse Gratias,
le Domine Fili
chanté par une voix d'alto et enfin le chœur final Cum
Sancto Spiritu.
Un chef-d'œuvre.
Parmi
ses autres messes, on peut aussi signaler la Messe en fa majeur BWV
233, qui n'a pas de bel air remarquable, et n'est donc pas un
chef-d'œuvre, mais des chœurs somptueux, puissants, virtuoses,
pleins d'énergie positive et triomphante ; ainsi que la Messe en la majeur BWV 234, particulièrement pour le Kyrie, le Gloria et le Qui tollis... Parmi
les 200 cantates qu'il a écrites pour accompagner les offices religieux,
qui sont toujours agréables à entendre, il y en a de bien meilleures que
d'autres, certaines ayant une beauté équivalente aux plus beaux airs
des passions déjà mentionnées : - "Christ lag in Todes Banden" BWV 4 - "Ich hatte viel Bekümmernis" BWV 21 - "Ich habe genug" BWV 82 : l'une des plus réputées et des plus belles. - "Wir müssen durch viel Trübsal in das Reich Gottes eingeben" BWV 146 - "Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl" BWV 198 : c'est une ode funèbre.
Bach a aussi composé des concertos de toutes sortes, et parmi les plus beaux : - Concerto pour violon en la mineur BWV 1041, - Concerto pour violon en mi majeur BWV 1042, - Concerto pour 2 violons, cordes et basse continue BWV 1043, - Concerto pour hautbois, violon, cordes et basse continue en ré mineur BWV 1060 Tous ces concertos sont sublimes, pleins de vie, d'allant, et chantent avec une humanité
profonde... Ils comptent parmi les œuvres les plus faciles d'accès et les plus
appréciées de Bach.
- Concertos pour clavecin BWV 1052 à 1058, et particulièrement en ré mineur BWV 1052, et en ré majeur BWV 1054. - Concerto pour 2 clavecins, cordes et basse continue BWV 1062, Ce
sont donc des concertos pour clavecin offrant à peu près les mêmes
qualités que les concertos cités plus haut, mais je les préfère dans des versions jouées au
piano : l'instrument
est plus rond et plus pauvre en harmoniques que le clavecin, mais il
gagne en nuances, en lisibilité, en puissance aussi, et,
s'il n'a pas le
scintillement ni l'acidité du clavecin, il est plus riche
en possibilités expressives...
On
trouve aussi dans l'œuvre de Bach un nombre très important de pièces
composées pour l'orgue, cet énorme truc plein de tuyaux que vous
voyez souvent dans les églises, et que vous croyez fait uniquement pour
émettre des sons un peu mous sur des mélodies informes pendant la
messe, réservé à un usage religieux... Or, comme beaucoup de
compositeurs, Bach a fait des musiques profanes pour cet instrument aux
possibilités sonores exceptionnelles, le plus riche et le plus puissant
de tous les instruments acoustiques... Parmi les plus belles pièces : - Chorals Schübler BWV 645 à 650 : 6 pièces courtes délicates, fines, enjouées... De très belles miniatures. - Trio d'après une sonate en trio en do mineur de Friedrich Fasch BWV 585 : un petit bijou de tendresse... - Pastorale en fa majeur BWV 590 : musique joyeuse, légère, et fraîche, dans l'esprit des chorals. - 6 Sonates en trio BWV 525 à BWV 530
: on dit qu'un organiste qui sait jouer ça peut tout jouer, tant c'est
difficile... C'est en tout cas un ensemble exceptionnel de finesse,
d'intelligence et de beauté mélodique. Sans doute ce qu'il y a de plus
beau dans l'orgue de Bach. - Toccata, adagio et fugue en do majeur BWV 564 :
après un premier mouvement démonstratif et plein de bravoure, et avant
la fugue qui à nouveau est extravertie et lumineuse, l'adagio est
magnifique de pudeur, de douceur... - Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 : incontestablement l'œuvre la plus connue de Bach... Incontestablement géniale aussi. - Passacaille et Fugue en Do mineur BWV 582
: une œuvre titanesque, plus belle encore que la précédente, par le
thème de basse sur huit mesures qui accompagne tout le premier
mouvement et donne une puissance ténébreuse et tragique à l'œuvre...
- Prélude et fugue en ré majeur BWV 532
- Fantaisie et fugue en do mineur BWV 537
- Prélude et fugue en ré mineur BWV 539
- Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542- Prélude et fugue en la mineur BWV 543
Œuvres puissantes, extraverties, tourbillonnantes et virtuoses qui vous emportent dans un flot sonore monumental...
A compléter...
SCARLATTI Domenico (1685-1757)
Compositeur
italien fortement inspiré par la musique espagnole, à ne pas confondre
avec son père, Alessandro, lui aussi musicien, il est surtout connu
pour avoir écrit 555 sonates pour clavecin, qui forment un ensemble
monumental (pas moins d'une bonne trentaine de CD). "Sonate" n'a pas le
sens moderne de ce terme et désigne ici une pièce plutôt courte (de 2 à
6 minutes, rarement plus), d'un seul mouvement. C'est une musique assez
inventive, virtuose, souvent tonique, mais écouter plus de quelques
sonates à la suite n'est pas conseillé, car cela peut paraître
répétitif et monotone à une oreille pas exercée. Ça n'est de toutes
façons pas fait pour être écouté en continu... Or, sur les 555,
certaines sont plus séduisantes et appréciées que les autres : -
Sonates K 1, 3, 9, 27, 30, 32, 52, 58, 61, 69, 77, 87, 98, 106,
109, 126, 132, 141, 162, 183, 197, 206, 208, 213, 234, 247, 283, 296,
322, 380, 426, 427, 434, 481, 466, 474, 531, 532, 534, 544... Plus
encore pour Scarlatti que pour Bach, même si c'est une musique faite
pour le clavecin, je conseille des versions au piano, qui apportent une
palette de nuances et une lisibilité particulièrement appréciables dans
ce répertoire qui fait la transition entre le baroque et le classique,
et où les harmoniques très riches et le caractère étincelant du
clavecin tendent à masquer les lignes mélodiques des pièces les plus
virtuoses...
Parmi les anthologies au piano les plus belles, il y a celles de
Marcelle Meyer, Vladimir Horowitz, pour les interprétations
historiques, et Christian Zacharias, dont les enregistrements plus
récents sont excellents.
HAENDEL Georg Friedrich (1685-1759)
Compositeur
d'origine allemande installé en Angleterre (raison pour laquelle son
nom s'écrit aussi "Handel"), il est connu surtout pour ses
musiques festives "Water music" et "Royal fireworks",
souvent utilisées, musiques charmantes, agréables, avec quelques jolis
airs, mais sans profondeur, pas géniales et plutôt surestimées (où il
faut tout de même dégager le délicieux et irrésistible air de la
troisième suite, en sol majeur). Il a surtout composé un grand nombre
d'oratorios où s'épanouissent la beauté et la force des chœurs,
avec des lignes mélodiques souples, vivantes, et des airs pour
solistes influencés par la musique italienne de l'époque. Mais,
beaucoup de ses œuvres étant alimentaires et conformes aux conventions
d'alors, si elles sont agréables,
prises dans leur globalité, et d'une chaleur communicative, peu sont
à la hauteur des plus belles compositions de l'époque, et aucune au
niveau des belles pages de Bach. Parmi ses oratorios, on peut évoquer : - Messiah HWV 56
(le Messie) : l'oratorio le plus connu d'Haendel, à cause du fameux
"Alleluiah", est un de ses chefs-d'œuvre. Tout n'est pas du même
intérêt dans les 2h30 de musique, mais on y trouve des airs magnifiques devenus
célèbres, et une vie, une musicalité, une allégresse, mais aussi des
mélodies émouvantes douloureuses, qui sont la marque du meilleur Haendel.
- Israel in Egypt HWV 54
(Israël en Egypte) : sans doute l'oratorio le plus homogène et le plus
agréable d'Haendel, et l'un des plus appréciés, parce qu'il est centré
sur les chœurs, souvent lents et sombres, plutôt tristes, et d'une
certaine beauté. Sans doute pas d'air qui sorte vraiment du lot et
fasse chef-d'œuvre, mais une musique équilibrée, grave, douce, bien
qu'un peu trop linéaire sur les deux bonnes heures que dure l'œuvre.
L'ensemble s'entend dans la continuité avec plaisir, car les chœurs
omniprésents donnent une respiration ample et puissante à la musique. - Dixit dominus HWV 232
: œuvre de dimensions réduites (une grosse demi-heure), elle est un
condensé de ce que Haendel a fait de mieux, de plus vivant. Aucun
ennui, du chant habité d'un bout à l'autre, pas de faiblesse, une œuvre
homogène très agréable à entendre, et même émouvante dans le duo "De
torrente in via bibet", avec une belle ferveur religieuse. Bonne
introduction à la musique de Haendel.
Dans sa musique pour orchestre, on peut écouter avec plaisir ses Concerti grossi opus 3 et 6,
qui, sans être des chefs-d'œuvre, sont très agréables, charmants,
d'une musique vivante, fraîche, enlevée, idéale en fond sonore.
Il
a composé aussi des pièces pour clavecin, dont, principalement :
-
8 suites pour clavecin de 1720
: entre 4 et 6 mouvements par suite, dont les plus beaux passages
font penser à François Couperin, par leur grâce et leur
délicatesse. Les plus belles pièces sont : le Prélude
et l'Allemande
de la suite n°1 en la majeur,
les deux adagio
de la suite n°2 en ré majeur,
l'Allemande de
la suite n°3 en ré mineur,
la totalité (Prélude, Allemande, Courante et
Air) de la jolie suite
n°5 en la majeur, pleine
de charme et de délicatesse, le Prélude
et la Gigue de
la suite n°6 en fa dièse mineur,
la Gigue et la
Passacaille de
la suite n°7 en sol mineur,
et enfin le Prélude,
la Fugue et la
Courante de la
suite n°8 en fa mineur.
DUPHLY Jacques (1715-1789)
Claveciniste
français méconnu qui a somme toute peu composé, son œuvre se résume à
4 livres de pièces pour clavecin, dont la qualité est d'un niveau proche de la
musique de François Couperin. C'est une musique emblématique du goût
français de l'époque, entre solennité, distinction, tendresse, grâce,
finesse, mélancolie etc. Parmi ces pièces, dont la totalité tient
sur 4 CD, on peut noter particulièrement : - Livre I : Allemande, Courante - Livre II : La Félix, Les Colombes - Livre III : La Forqueray, Les Grâces, La De Villeneuve - Livre IV : La De Drummond, La Pothouin, La Dubuq La grâce de ces pièces colorées et variées ressort très bien au clavecin, sans doute mieux qu'au piano...
HAYDN Joseph (1732-1809)
Le
cas de Haydn est un peu difficile à traiter ici car, si c'est un
compositeur allemand réputé, prolifique (il a énormément composé), les
chefs-d'œuvres sont rares. Excellent artisan, sa musique est agréable,
et
tout mélomane l'écoute avec un certain plaisir, mais elle manque
néanmoins souvent du souffle et du génie mélodique qui font les
grands... Bref,
il faut beaucoup chercher pour trouver des œuvres à la hauteur du
reste de la liste. - "Les sept dernières paroles du Christ en croix" Hob XX/2
: cette œuvre initialement composée sans partie vocale, puis
transcrite pour quatuor à cordes, est, dans sa troisième version,
un oratorio pour chœur, solistes et orchestre. Cette dernière est une musique ample, forte, belle comme
un requiem, souvent empreinte de douceur et sans faiblesse. Une heure
très agréable... La version pour quatuor à cordes, opus 51 Hob III/50-56, est aussi à écouter. - "La création" : oratorio pour
chœur, solistes et orchestre, c'est une œuvre de grandes proportions
(1h45'), parmi les plus réputées de Haydn, mais elle vaut
essentiellement pour son ouverture instrumentale de 8 minutes, d'une
belle intensité tragique, et par son chœur final (4 minutes) enlevé et
puissant. Le reste est agréable, avec beaucoup d'airs légers, frais,
mais sans profondeur. "Les saisons",
autre oratorio réputé de Haydn, encore plus long (2h20'), n'a pas ces
beaux moments, mais a plus de relief, et beaucoup plus de passages
amples et vivants pour chœurs, avec des masses sonores plus
imposantes. Ça s'entend agréablement, bien que trop long et manquant de
beauté mélodique.
Il a
écrit pas mal de sonates pour piano qui, comme celles de Mozart, sont
agréables sans avoir la force ni la qualité émotionnelle d'un
Beethoven, et on peut retenir parmi les plus recommandables, sans
parler de chefs-d'œuvre :
- Sonate n° 19 en mi mineur Hob XVI/47 : premier mouvement adagio simple mais assez beau. - Sonate n° 31 en la bémol majeur Hob XVI/46 : surtout le premier mvt, vif, raffiné, espiègle, et le 2ème mvt, fin, joli, délicat. - Sonate n° 47 en si mineur Hob XVI/32 : surtout le premier mouvement. - Sonate n° 59 en mi bémol majeur Hob XVI/49 : pas géniale, mais pré-romantique et de composition équilibrée, surtout dans le deuxième mouvement. - Sonate n° 62 en mi bémol majeur Hob XVI/52
: pas profonde mais vivante, agréable, surtout le troisième mouvement,
varié, nuancé, entre le dernier Mozart et le premier Beethoven...
A compléter...
MOZART Wolfgang Amadeus (1756-1791)
Sans
doute le nom de compositeur classique le plus connu du grand public,
celui qu'on a appelé le "divin Mozart", comme si c'était aussi le plus
grand, a énormément produit dans le peu de temps qu'il a vécu
(l'intégrale de ses œuvres occupe 170 CDs), et le niveau est très
inégal. Ses œuvres de jeunesse sont souvent peu intéressantes, et ses
plus belles musiques se trouvent surtout après les numéros KV 300 (le
catalogue va jusqu'à KV 626)...
Dans les œuvres de musique sacrée ressortent principalement : - Requiem en ré mineur KV 626
: œuvre achevée par un de ses élèves, c'est une des plus justement réputées de
Mozart, une de ses plus graves, plus fortes et plus profondes. - Grande messe solennelle en ut mineur KV 427
: moins urgente que le Requiem, cette œuvre est moins profonde, moins
émouvante, mais elle est ample, élégante, grave aussi, avec de beaux
moments tragiques, et de beaux duos vocaux entre deux sopranos
aériennes...
-
Messe du couronnement en ut majeur KV 317
: nettement en dessous des œuvres précédentes, dont elle n'a pas
la beauté, ça n'est pas un chef d'œuvre, et elle n'a pas d'air
remarquable, mais ça reste la troisième plus belle œuvre de
musique sacrée de Mozart, puissante, virtuose, pleine de ferveur,
avec des chœurs intenses, et une vitalité enthousiaste.
Mozart a composé une douzaine d'opéras, dont les plus célèbres (et les seuls bons) sont "Les noces de Figaro" KV 492, "Don Giovanni" KV 527, "Cosi fan tutte" KV 588, et "La Flûte enchantée" KV 620... Mais pour sa profondeur, sa force tragique, la beauté des personnages, je crois pouvoir dire que son plus grand est bien "Don Giovanni".
L'histoire ne suit pas exactement la pièce de Molière, car elle est
remaniée par le librettiste Lorenzo da Ponte, et mélange le comique et
le tragique avec finesse... C'est un chef-d'œuvre et un des plus beaux
opéras jamais écrits, notamment parce qu'il évite des pièges très
courants dans ce genre : les lourdeurs, l'emphase, les grosses ficelles
sentimentales et une certaine vulgarité qu'on trouvera dans
l'opéra italien. Un conseil pour le voir : le film de Joseph
Losey, évidemment du même titre, en est une excellente mise en scène et
en images...
Auteur de 41 symphonies, c'est encore dans ses toutes dernières œuvres qu'il atteint le sommet : - Symphonie n°39 en mi bémol majeur KV 543, - Symphonie n°40 en sol mineur KV 550, la plus connue et un chef-d'œuvre...- Symphonie n°41 en ut majeur KV 551, la plus puissante, avec un esprit assez proche de Beethoven...
Mozart
a aussi écrit beaucoup de concertos, notamment pour piano (27). Parmi
ceux-là, à peu près tous s'écoutent avec plaisir, mais quelques-uns
sont particulièrement beaux, notamment pour leur mouvement lent central : - Concerto pour piano n° 9 en mi bémol majeur KV 271 - Concerto pour piano n° 20 en ré mineur KV 466 - Concerto pour piano n° 21 en do majeur KV 467 le plus connu. - Concerto pour piano n° 22 en mi bémol majeur K 482 - Concerto pour piano n° 23 en la majeur K 488
Parmi ses autres concertos, il y en a qui sont justement célèbres pour leur grâce et l'émotion qu'ils produisent : - Concerto pour flûte et harpe en ut majeur KV 299, musique légère, enjouée, virevoltante et tendre à la fois. - Concerto pour clarinette en la majeur K 622,
seul concerto composé pour cet instrument, et aussi le dernier
concerto de sa vie... La chaleur et l'intimité de la clarinette s'ajoutent à la
mélancolie profonde du deuxième mouvement...- Symphonie concertante pour violon, alto et orchestre en mi bémol majeur KV 364,
ni concerto, ni symphonie, et les deux à la fois, elle fait chanter le
violon et l'alto en un très émouvant dialogue dans le
deuxième mouvement, un andante ample. Les deux autres mouvements sont moins passionnants mais agréables... Mozart a aussi composé beaucoup de musique de chambre, bien sûr, mais très peu d'œuvres se détachent. Parmi celles-ci : - Quintette à cordes en sol mineur KV 516
: surtout pour la tension tragique du premier mouvement, la douceur et
la tristesse des mouvements 3 et 4, l'une des pièces maîtresses de sa
musique de chambre... - Quatuor à cordes en ré mineur KV 421 : musique vivante, légère, mais aussi d'une tension délicate pré-romantique... - Quatuor à cordes en do majeur KV 465 "les dissonances"
: surtout pour le début du premier mouvement, très fin, et
l'intégralité du deuxième, lent, où une courte phrase de 4 notes
mélancoliques est répétée en écho par le premier violon et le
violoncelle. Pièce délicate, triste et belle...
XIXème BEETHOVEN Ludwig van (1770-1827) Il
avait modestement pour projet de devenir le plus grand
compositeur, et, si on excepte Bach (et encore), il y est parvenu.
Exigeant avec lui-même, il n'a commencé à comptabiliser ses œuvres que
lorsqu'elles l'ont satisfait, ce qui fait que seules celles-ci ont un
numéro d'opus (op.). Toutes les autres, recensées depuis, portent la
mention WoO ("Werke ohne Opus", ce qui veut dire "œuvres sans opus"). Je
précise cela, parce que ce sont en général des travaux de jeunesse de
peu d'intérêt, qu'il vaut mieux éviter si vous les rencontrez (sauf si
vous voulez tout avoir), et je ne tiens compte dans cette liste que des œuvres avec numéro d'opus.
Comme
chacun sait, il a composé 9 symphonies, et elles sont toutes bien, même
les deux premières, pourtant de facture plus classique que romantique,
car elles sont enlevées, pétillantes de vie, chantantes... Les avoir
toutes est donc une idée judicieuse... Bien sûr, il y en a de plus
belles, ou de plus puissantes que d'autres, mais il ne faut pas croire
de ce qui suit que les deux premières sont à négliger : - Symphonie n°3 en mi bémol majeur opus 55 "héroïque"
: un chef-d'œuvre dont le premier mouvement vous emmène avec fougue et
douceur dans des paysages amples, somptueux, à l'image même de ce
caractère si propre à Beethoven, mêlant de façon unique une puissance
presque surhumaine, une force effrayante et rassurante à la fois, et
une délicatesse tendre et sûre, en un équilibre parfaitement
stable... Le deuxième mouvement est sombre, profond, et ouvre des
abîmes : c'est une marche funèbre magnifique. Les troisième et
quatrième retournent à l'allure d'un beau voyage en calèche à travers
la campagne, avec une grande vitalité, de la joie mais moins de
profondeur... - Symphonie n°4 en si bémol mineur opus 60
: souvent délaissée par rapport aux autres symphonies plus longues de
Beethoven, elle n'est pas moins belle. Son premier mouvement, après une
première période adagio, devient fulgurant d'énergie communicative ; le
deuxième, avec son air de promenade bucolique, s'ouvre tout de même en
son milieu sur un précipice vertigineux avant de reprendre la route
avec moins d'assurance. Les deux derniers mouvements, comme dans la
plupart des symphonies de Beethoven, sont pleins de vigueur joyeuse. - Symphonie n°5 opus en do mineur op. 67
: comment ne pas en parler ? Les premières mesures les plus connues de
toute l'histoire de la musique ! Et de fait, c'est génial, d'une
puissance exceptionnelle qui vous agrippe et ne vous lâche pas. Ce
premier mouvement est tout bonnement extraordinaire. Écoutez-le en
entier pour voir qu'il ne contient aucune graisse. Après les deux
mouvements intermédiaires, qui sont beaux mais pas les plus émouvants
de Beethoven, on retrouve dans le dernier l'énergie fabuleuse du premier
mouvement. Une espèce d'apothéose pleine de joie et de
violence. - Symphonie n°6 en fa majeur opus 68 "Pastorale"
: symphonie à programme, c'est-à-dire descriptive, elle figure
différents événements de la campagne. Très agréable et ample, facile d'accès, elle
n'est néanmoins pas la plus forte, ni la plus belle, ni la plus
profonde... - Symphonie n°7 en la majeur opus 92
: retour à la gravité et à la puissance avec le premier mouvement qui
nous amène au clou de cette symphonie, l'allegretto du deuxième
mouvement qui est une espèce de marche funèbre, la pièce la
plus grave et la plus sombre de toutes les symphonies de Beethoven...
Commençant très doucement, de façon à peine perceptible, l'orchestre
s'enfle et arrive au comble du tragique au premier tiers du mouvement,
avant de retomber presque aussitôt, revenant étonnamment à un volume
plus calme... Un joyau étrange. Les deux derniers mouvements, comme à
l'accoutumée, apportent plein de rebondissements joyeux, bourrés de
vitalité et de force. - Symphonie n°8 en fa majeur opus 93
: œuvre plus classique et moins romantique que les autres, plus proche
des deux premières symphonies par son esprit, elle est sans doute la
moins appréciée car elle ne comporte pas de passage tragique ou triste,
et elle est plus courte, mais elle est d'une énergie franchement
réjouissante... - Symphonie n°9 avec chœur en ré mineur opus 125
: l'une des dernières œuvres de Beethoven, la plus violente et la plus
grandiose aussi.
D'une richesse, d'une énergie, d'une monumentalité, d'une masse sonore
et d'une puissance qui ridiculisent bien des violences rock... L'écoute
de la
neuvième symphonie (avec "l'hymne à la joie" trop célèbre) est une
expérience unique : soit on entre dedans et on exulte, soit on est
agressé par cette densité et cette violence, et on capitule avant la
fin... Un des plus grands chefs-d'œuvre de tous les temps... Chaque
mouvement apporte son univers, et pourtant l'ensemble est d'une grande
unité ; aucune mesure n'est en trop et c'est le flux de la vie même qui
coule d'un bout à l'autre de cette œuvre-somme qui ne ressemble à
aucune autre, même pas aux autres symphonies de Beethoven. Les couleurs
sont inouïes et d'une variété enivrante (écoutez le deuxième mouvement
pour vous en convaincre), les contrastes sont d'une
évidence naturelle... Bref, je ne décris pas, car ça déborderait...
Tout y est génial, ample, vivant pendant plus d'une heure, jusqu'à un
final absolument fulgurant qui laisse l'auditeur hors de lui. Quant à
ce
fameux "hymne à la joie", c'est un des plus beaux airs jamais
composés ! A mettre de côté pour
l'île déserte.
J'oubliais
une remarque très importante : beaucoup d'interprètes jouent cette
musique trop lentement, ce qui est une erreur, car plus c'est
joué vite, avec force et sécheresse, mieux c'est. Pour justifier
mon propos, sachez que le chef qui a créé la neuvième à Londres,
du vivant de Beethoven, et sur ses recommandations, a fait jouer cette
œuvre en 50 minutes, là où nos contemporains l'étirent sur 1h10 ! Ça
se passe de commentaire... De toutes façons, si vous écoutez
attentivement ces symphonies, vous vous rendrez bien compte que leur
exécution doit être foudroyante, brutale, violente...
- "Missa Solemnis" opus 123 : si
vous aimez le souffle
des musiques religieuses et l'ampleur des chœurs de la 9ème symphonie, alors écoutez cette grande messe solennelle
composée peu de temps avant. Musique monumentale, chœurs somptueux,
voix de solistes traitées comme des instruments, et toujours l'énergie
exceptionnelle de Beethoven... Beethoven
a composé 5 concertos pour piano, que l'on peut tous acquérir, car tous
sont agréables, majestueux, amples, avec du mœlleux, de la vigueur,
des phrases mélodiques séduisantes, et beaucoup de douceur dans les
mouvements lents. C'est une musique chaleureuse, confortable,
apportant de la bonne humeur, de la joie de vivre, une certaine
sérénité aussi. Le plus brillant et le plus puissant est le dernier, le
Concerto pour piano et orchestre en mi bémol majeur n°5 opus 73, dit "l'Empereur",
où la
musique coule de source d'un bout à l'autre, étincelante, rayonnante,
généreuse, fastueuse, et vous entraîne dans le ruissellement du
dialogue entre le piano
et l'orchestre. Célèbre à juste
titre, c'est l'exemple même de ce qu'est la musique à son plus haut
niveau, chef-d'œuvre complet, une fête où l'on s'immerge avec un
bonheur total et sans arrière-pensée. Les Concertos pour piano et orchestre n°3 en ut mineur op 37 et n°4 en sol majeur op. 58 sont aussi très beaux, bien qu'inférieurs.
Il a écrit 32 sonates pour piano. Toutes ont leurs charmes et sont
agréables à entendre (posséder l'intégrale n'est pas du tout excessif,
et est même une très bonne idée),
et la première vaut déjà mieux que toutes celles de Mozart (auxquelles
elle ressemble d'ailleurs, ainsi qu'à celles de Haydn), et son dernier
mouvement est "déjà" très beau... Il faut donc, à mon avis, tout avoir,
car aucune n'est creuse, et on ne s'ennuie jamais : ça respire, ça vit,
ça chante merveilleusement, et on y trouve tout Beethoven, fort, riche,
intelligent, drôle (et oui, aussi !), varié, subtil, émouvant, tendre
etc. Mais il y en a évidemment qui sont de plus grands chefs-d'œuvre
que
d'autres : - Sonate pour piano n°7 en ré majeur op. 10 n°3 - Sonate pour piano n°8 en do mineur "pathétique" op. 13 - Sonate pour piano n°16 en sol majeur op. 31 n°1 : surtout le deuxième mouvement... - Sonate pour piano n°17 en ré mineur "la tempête" op. 31 n°2- Sonate pour piano n°21 en ut majeur "Waldstein" op. 53 - Sonate pour piano n°26 en mi bémol "les adieux" op. 81a- Sonate pour piano n°28 en la majeur op. 101 - Sonate pour piano n°29 en si bémol majeur "Hammerklavier" op. 106 : sublime 3ème mouvement... - Sonate pour piano n°30 en mi majeur op. 109 : le plus beau dernier mouvement qui soit... Une merveille. - Sonate pour piano n°31 en la bémol majeur op. 110 - Sonate pour piano n°32 en do mineur op. 111Ce
sont là ses sonates les plus belles, et pour les cinq dernières, ce
sont ses œuvres les
plus complexes, les plus abouties, et pas forcément les plus faciles
d'accès... Mais ces œuvres sont riches, fines, intelligentes,
géniales... Mention personnelle spéciale pour la 30ème (op. 109), qui est peut-être la
plus émouvante. Après deux premiers mouvements courts (le premier est magnifique), on
sent que toute l'attention de Beethoven s'est portée sur le 3ème et
dernier mouvement, qui constitue à lui seul plus des deux tiers de l'œuvre.
C'est un adagio, donc un mouvement lent, comprenant l'un des
plus beaux thèmes jamais composés. C'est sensible, fin et puissant à la fois, romantique
et sublime. Pour l'île déserte...
Toujours pour piano seul, Beethoven a
aussi composé des œuvres ayant d'autres formats que la forme-sonate,
comme des bagatelles et des variations : - 15 Variations "Héroïques" en mi bémol majeur op. 35 :
sur un thème marqué et presque comique se suivent 15 variations
puissantes, pleines de vie, de contrastes, de jeu, alliant humour,
force et virtuosité... Un régal. - 6 Bagatelles op. 126 : parmi les toutes dernières œuvres du compositeur, ce sont de courts
morceaux imprévisibles, où la mélodie se rompt et laisse place à de
l'inattendu, des petits joyaux de finesse, loin des grandes
constructions auxquelles Beethoven nous a habitués.
Beethoven a aussi composé 16 quatuors à cordes,
formation de chambre par excellence, dont il a épuisé pour longtemps
les possibilités (il faudra attendre Bartok pour redonner un tel
intérêt et une telle force à ce genre). Tous sont à écouter, et, là
encore, avoir l'intégrale n'est pas déraisonnable. Parmi les passages
les plus séduisants et les plus beaux : - les 6 premiers
quatuors opus 18 sont encore très mozartiens, c'est-à-dire légers,
agréables, vivants, mais peu profonds et encore très classiques. Le
plus beau passage du lot est sans conteste le deuxième mouvement du
quatuor n°1 en fa mineur, romantique à souhait, déchiré, tendu et tendre. - quatuor n°7 en fa majeur "Razumovsky" opus 59 n°1
: après deux premiers mouvements légers, allants, vivants, le 3ème est un adagio magnifique, douloureux et doux qui, après une
douzaine de minutes, enchaîne sur un allegro plein de vie. - quatuor n°8 en mi mineur "Razumovsky" opus 59 n°2 : surtout pour le 3ème mouvement, allegretto plein de charme qui succède à un beau deuxième mouvement adagio. - quatuor n°9 en do majeur "Razumovsky" opus 59 n°3 : il a un magnifique deuxième mouvement, andante avec pizicatti au violoncelle. - quatuor n°10 en mi bémol majeur opus 74 dit "les harpes" : pour ses deux premiers mouvements frais, délicats, légers et chantants. - quatuor n°11 en fa mineur opus 95
: vigoureux, dense et sec, il va à l'essentiel. 4ème mouvement surtout,
dansant et tourmenté à la fois, comme un destin tragique. - quatuor n°12 en mi bémol majeur opus 127
: particulièrement le deuxième mouvement, adagio tendre, posé, calme,
fin, sans vraiment de mélodie identifiable, atteignant une forme
d'abstraction, dans une atmosphère incitant à la sérénité. - quatuor n°14 en do dièse mineur opus 131
: proche de la fin, Beethoven fait là un de ses
chefs-d'œuvres absolus, 7 mouvements qui s'enchaînent pendant 40
minutes.
Tout y est souverain, beau, intelligent, élégant, mêlant gravité,
profondeur, finesse, mais aussi légèreté, humour, avec une évidence,
une facilité exceptionnelles. Attention particulière pour le premier
mouvement ample, lent, et le quatrième. Le septième et
dernier mouvement est un galop, une chevauchée puissante avec un
final magnifiquement tendu. - quatuor n°15 en la mineur opus 132
: autre chef-d'œuvre incomparable, en cinq mouvements, où il faut
particulièrement évoquer le troisième, d'un bon quart d'heure,
parfaitement sublime, sans doute le plus beau mouvement de tous les
quatuors de Beethoven. - quatuor n°16 en fa majeur opus 135
: dernier numéro d'opus de Beethoven, c'est une œuvre nettement plus
légère que les deux quatuors précédents, relativement courte, dont on
soulignera la grande beauté du troisième mouvement, lent, magnifique de
sensibilité, de douceur, de délicatesse, et la finesse du quatrième,
oscillant entre des accents de gravité et une légèreté enjouée...
Il y a tant d'interprétations disponibles que, pour être sûr de ne pas
vous tromper, je vous conseille deux parmi les meilleures, deux
approches très différentes, celle du quatuor Italiano, sensuelle,
rayonnante, suave et profonde, d'une musicalité somptueuse, et celle du
quatuor Alban Berg, beaucoup pus âpre, sèche, pleine de vigueur, allant
à l'essentiel.
Enfin,
Beethoven a composé des œuvres moins profondes, moins fortes que
beaucoup de celles évoquées jusqu'ici, mais agréables, pleines de
charme, de beauté aussi. C'est le cas des 5 sonates pour piano et
violoncelle, dont on retiendra surtout les trois premières, œuvres de
jeunesse pas très originales, mais jolies, séduisantes, émouvantes,
gracieuses : - sonate pour violoncelle et piano n°1 en fa majeur opus 5 n°1 - sonate pour violoncelle et piano n°2 en sol mineur opus 5 n°2 : plus jolie que la première- sonate pour violoncelle et piano n°3 en la majeur opus 69 Il
en est de même pour les 10 sonates pour violon et piano, où Beethoven
montre une facette plus légère, même humoristique, facétieuse. Les 3
sonates de l'opus 12 sont proches de Mozart, pas profondes, souriantes, enjouées, charmantes. On retiendra surtout : - sonate pour violon et piano n°5 en fa majeur "Le Printemps" opus 23 : comme son nom l'indique, c'est une œuvre pleine de fraîcheur, de vie, de grâce et d'humour. - sonate pour violon et piano n°7 en do mineur opus 30 n°2
: deuxième des trois sonates de cet opus, elle est plus "mâle",
plus tendue, avec plus de vigueur, mais garde charme et grâce. - sonate pour violon et piano n°9 en la majeur opus 47 "à Kreutzer"
: la plus célèbre, profonde, variée, contrastée, fougueuse des sonates
pour violon, surtout dans ses premier et troisième mouvements, mais
aussi pleine de tendresse, de douceur et d'humour dans le deuxième, où
s'enchaînent pendant plus d'un quart d'heure, dans un raffinement
délicieux, des variations sur un même thème, alternant cocasserie et
gravité. Un petit joyau.
Ses 7 trios pour piano, violon et violoncelle ne sont pas non plus parmi ses grands chefs-d'œuvre, mais il y a parmi eux de belles pages : - trio pour piano violon et violoncelle en ré majeur opus 70 n°1 "des Esprits" : pour son deuxième mouvement, lent et assez beau, mais les deux autres mouvements sont peu captivants. - trio pour piano violon et violoncelle en mi bémol majeur opus 70 n°2 : à mon sens son plus beau trio, le plus suave, léger, élégant, très agréable, homogène et sans faiblesse. - trio pour piano violon et violoncelle en si bémol majeur opus 97 "à l’Archiduc" : presque aussi bon que le précédent, bien que mélodiquement un peu moins séduisant.
SCHUBERT Franz (1797-1828)
Un
des géants de la musique romantique allemande, à qui l'on doit
parmi les plus belles mélodies, les pièces les plus mélancoliques
et les plus émouvantes. A la différence de Beethoven chez qui on
sent toujours la puissance, on trouve chez Schubert une fragilité
touchante.
-
Trio pour piano, violon et violoncelle en mi bémol majeur opus 100
(D 929) : une
merveille absolue rendue célèbre par l'utilisation de son
magnifique deuxième mouvement dans le film de Stanley Kubrick,
"Barry Lindon". Tout y est beau, sans faille, vivant,
sensible, délicat tout en étant énergique et sans mièvrerie.
-
Trio pour piano, violon et violoncelle en
si bémol majeur opus 99 (D 898)
: injustement éclipsé par l'opus 100, il est tout aussi beau, plein
de charme, de vie, de fraîcheur.
-
Quintette en la majeur D 667 « La Truite » (die
Forelle) pour piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse : il s'agit d'une œuvre sans tristesse, pleine de vie, de
légèreté, de finesse et de joie de vivre. Un bijou qui donne envie
de fredonner le thème du 4ème mouvement...
-
Quintette à cordes en do majeur D 956 : une merveille
composée deux mois avant la mort de Schubert, cette œuvre de 50
minutes contient notamment un deuxième mouvement, marqué adagio,
parmi les plus touchants et emblématiques de la sensibilité du
compositeur. C'est fin, délicat, sensible, fragile, même si les
trois autres mouvements, sur des airs plus guillerets, sont beaucoup
plus enlevés, dansants, nerveux.
- Notturno pour piano, violon et violoncelle en mi bémol majeur D 897 : un seul mouvement de 10 minutes, avec un bel air tendre et romantique.
Il
a composé 15 quatuors à cordes, mais comme pour ses symphonies,
seules ses dernières compositions sont vraiment intéressantes et
atteignent parfois le rang de chef-d'œuvre :
-
Quatuor n° 13 en la mineur D 804
"Rosamunde"
: l'un des beaux quatuors de Schubert, moins connu que le
quatorzième, mais pourtant émouvant dans le troisième mouvement,
les autres étant plus légers.
-
Quatuor à cordes n°14 en ré mineur D 810 "La jeune fille et
la mort" (Der Tod und das Mädchen) : un grand
classique, connu surtout pour son tragique deuxième mouvement,
marqué andante con moto, mais qui vaut aussi pour les trois autres.
-
Quatuor n°15 en sol majeur D 887 : comme la tonalité en
majeur l'annonce, c'est une œuvre beaucoup moins tragique et moins
profonde que la précédente, mais chantante, avec du charme.
Au
piano, beaucoup de très belles œuvres, avec les mêmes qualités de
sensibilité romantique, de délicatesse :
-
Fantaisie en fa mineur pour piano à quatre mains opus 103 (D 940)
: un bijou de sensibilité et
d'émotion. - Mélodie hongroise D 817,
-
6 Moments Musicaux op. 94 D 780,
-
4 Impromptus op. 90 D 899,
(les 3 Impromptus D 946 sont à mon avis moins beaux)
-
Sonate pour piano en sol majeur op. 78 D 894,
douce, délicate, hésitante.
-
Sonate pour piano en la majeur D 959 :
après un premier mouvement d'un quart d'heure, élégant mais pas
bouleversant, le deuxième donne à entendre un des plus beaux airs de
Schubert, d'une très grande émotion. Les deux autres mouvements sont
élégants, chantants, pleins de grâce et de vie. Un chef-d'œuvre. - Sonate en si bémol majeur D 960,
grande œuvre de 40
minutes, la dernière sonate composée par Schubert, profonde, ample,
sombre et chantante à la fois, surtout les deux premiers mouvements, magnifiques.
Schubert
est aussi un grand compositeur de lieder. Il en a composé plus de
600, et est l'une des grandes références dans ce registre, où
s'expriment toute sa sensibilité romantique, sa délicatesse et
l'âme allemande. Parmi les plus beaux :
- "Le
Voyage d'hiver"
(Winterreise lieder) D 911
: cycle de 24 lieder souvent sombres, composé en 1827, qui s'achève
par la mort, assimilée à l'hiver. Œuvre très émouvante, c'est
sans doute le plus bel ensemble de lieder de Schubert, le plus triste
et le plus profond. A peu près tout y est beau, sensible, dépouillé.
- "La
chant du cygne"
(Schwanengesang) D 957
: recueil posthume regroupant 14 lieder sans lien, sans unité, où
alternent légèreté, gravité, noirceur, gaieté, angoisse et
sérénité... On y entend notamment un des beaux airs connus du
compositeur, "Ständchen"
(Sérénade). Pas ce qu'il y a de mieux, mais un joli groupement de
lieder...
Je
ne peux pas citer tous les beaux lieder de Schubert, mais voici les plus beaux de tous :
"Gretchen am Spinnrade"
D 118,
"An den Mond" D 296,
"Heidenröslein" D
257,
"Seligkeit" D 433, "Der Tod und das
Mädchen"
D 531,
sur le même thème que le 14ème
quatuor à cordes, "Ganymed"
D 544,
"An die Musik" D
547,
sublime de douceur et de finesse, "Abendbilder"
D 650,
"Sei mir gegrüsst"
D 741,
"Auf dem Wasser zu
singen" D 774,
"Du bist die Ruh'"
D 776,
"Am Frühling" D
882,
"Das Lied im Grünen"
D 917,
par ordre de catalogue, et non de préférence...
Pour
ce type de répertoire, un interprète reste une référence toujours
fiable, le baryton allemand Dietrich Fischer-Dieskau. Il a enregistré
plusieurs versions qui ne doivent pas être difficiles à trouver...
Mais
on peut aussi écouter des versions pour voix de femme soprano, ce
qui est peut-être encore plus beau, à condition que ce soit une
voix fraîche, légère, avec un bel aigu fin et tendre, comme celle d'Elly Ameling, par exemple...
Schubert a aussi composé 9 symphonies, dont ne sont vraiment à retenir que les 8ème et 9ème : - Symphonie n°8 en si mineur D 759, dite "L'inachevée"
: parmi les œuvres classiques les plus connues, elle n'a que deux
mouvements, au lieu des quatre habituels, ce pourquoi on la pense
inachevée... C'est une œuvre émouvante, ample et romantique, mais
moins forte et moins profonde que les symphonies de Beethoven... - Symphonie n°9 en Ut majeur D 944, dite "La grande"
: de proportions plus importantes que la précédente, puisqu'elle a
quatre mouvements (près d'une heure), les mêmes remarques peuvent s'y
appliquer...
BERLIOZ Hector (1803-1869)
Compositeur français novateur en son temps, son œuvre la plus connue est la Symphonie fantastique,
mais ça n'est pas d'elle que je veux parler. Il n'a pas composé de
musique de chambre mais essentiellement des opéras, des œuvres
symphoniques et chorales, dont certaines sont monumentales par les
dimensions et les effectifs instrumentaux. C'est le cas de son plus
grand chef-d'œuvre, La Grande Messe des morts opus 5, appelée aussi Requiem. Jouée par plusieurs centaines de musiciens, c'est une œuvre
gigantesque, sombre, puissante, profonde, ample, d'un grand souffle épique qui
transporte l'auditeur pendant 1h30 et 10 mouvements. Ça ne ressemble à
rien d'autre, et c'est à mon avis le plus beau requiem jamais composé...
MENDELSSOHN Felix (1809-1847)
Compositeur allemand célèbre, il pose à peu près le même problème
qu'Haydn. En effet, si sa musique n'est jamais vulgaire, si elle
s'écoute presque toujours avec agrément, quel que soit le genre abordé,
il est pourtant bien difficile d'y trouver des chefs-d'œuvre. Bizarrement,
d'ailleurs, on trouve assez peu dans sa musique le romantisme de ses
contemporains Schumann, Chopin, Liszt etc, mais des influences marquées
par la période classique, et particulièrement celles d'Haydn et Mozart,
auxquels il emprunte souvent de la joliesse plus que de la beauté,
surtout dans ses œuvres de jeunesse, bien sûr, mais il est mort à 38
ans... Quoi
qu'il en soit, il faut fouiller beaucoup dans ses œuvres pour y
dégoter les pages les plus inspirées, et je ne peux guère citer que des
morceaux d'œuvres, des mouvements réussis, plus que des œuvres entières. On trouve cependant au moins un chef-d'œuvre, de valeur égale d'un bout à l'autre :
- Trio pour piano, violon et violoncelle n°1 en ré mineur opus 49 :
joli, agréable, équilibré, de belle qualité mélodique, parmi ce qu'il a
fait de plus émouvant, avec un premier mouvement fougueux, au
romantisme exacerbé, un deuxième tendre, délicat, sensible, un
troisième léger, enjoué, puis un quatrième à nouveau enlevé, alerte,
fougueux... Une œuvre homogène et réussie. On peut aussi évoquer le trio n°2 en do mineur opus 66, nettement moins marquant que le premier, sans mélodie séduisante, mais agréable, ample, et d'une certaine douceur.
Pour le reste de sa musique de chambre, je ne cite que des mouvements isolés :
- le 2ème mouvement du quatuor à cordes en mi bémol majeur opus 12, avec un joli thème charmant, léger et entraînant.
- le 3ème mouvement, intermezzo, du quatuor en la majeur opus 13, un petit air charmant.
- le 2ème mouvement, allegro assaï, du quatuor à cordes en fa mineur opus 80, tendu, romantique, tragique, et aussi le 3ème, sans thème remarquable, mais d'assez belles lenteur et ampleur.
- le 2ème mouvement de la sonate pour clarinette et piano en mi bémol majeur (de 1824), avec un joli thème tendre.
On peut aussi écouter avec plaisir des œuvres qui, sans être de grande beauté mélodique, sont agréables, comme les deux sonates pour violon et piano, toutes deux en fa majeur, l'une de 1820, et l'autre de 1838, celle en fa mineur opus 4, l'octuor pour cordes en mi bémol majeur opus 20,
dans tous les cas une musique vivante, allègre, sans génie mélodique,
mais charmante. Est un peu plus romantique, plus puissante, plus
profonde la sonate pour alto et piano en do mineur de 1823-24.
Dans sa musique pour piano, on retiendra surtout ses Romances sans
paroles ("Lieder ohne Worte"), 8 ensembles de 6 pièces délicates,
agréables, formant un tout homogène, sans déchet, de bonne tenue, dont
les plus jolies pièces sont :
Opus 19 : n°1, 2, 3, avec un beau thème romantique, et 6, triste, douloureuse, vraiment belle. Opus 30 : n°6, d'une certaine tristesse. Opus 38 : n°6, ample et légère. Opus 53 : n°1, 2, 4, toutes trois gentiment romantiques. Opus 62 : n°5, 6, air connu, espiègle, gracieux. Opus 67 : n°2, jolie, 4, la plus connue, comme un tourbillonnement d'abeille, et 5, mélancolique. Opus 85 : n°4, délicatement romantique, 6, air gentil et léger. Opus 102 : n°1, avec un air émouvant, 4, délicatement romantique... Cela dit, l'ensemble tient sur 2 CD seulement...
Dans sa musique pour orchestre, son "Songe d'une nuit d'été" est très connu, mais, pour ma part, je ne le conseille pas. Connu aussi est son Concerto pour violon et orchestre en mi mineur opus 64,
sans doute pour la mélodie un peu racoleuse de son premier mouvement,
mais c'est une œuvre efficace, bien qu'assez pesante, pas très subtile
et un peu bavarde, mais somme toute agréable, avec, dans le troisième
mouvement, un petit air guilleret sympathique.
Pour ma part, je préfère des pièces plus légères, là encore sans génie, mais d'agrément, comme :
- Concerto pour violon et cordes en ré mineur (pas d'opus) : comportant quelques jolies lignes mélodiques, proche de Mozart et Haydn, gracieux...
- Concerto pour piano et orchestre en la mineur
(pas d'opus) : là encore plus proche de Mozart que de Beethoven, léger,
assez joli, d'une certaine élégance à défaut de profondeur, surtout les
deux premiers mouvements.
- Concerto pour piano et orchestre n°1 en sol mineur opus 25 : un agréable deuxième mouvement, là encore sans thème marquant, sans profondeur, mais tendre...
Pour ses œuvres symphoniques, je trouve que Mendelssohn n'a pas su
éviter les lourdeurs, les pesanteurs et, bien qu'elles soient parmi ses
œuvres les plus prisées, l'absence de génie mélodique s'y sent
fortement. Par contre, j'aurais tendance à conseiller des œuvres moins
réputées comme ses 12 symphonies pour cordes, œuvres de jeunesse qui n'ont rien de génial ni de romantique,
ressemblant à du Mozart, mais s'entendent agréablement dans la
continuité...
CHOPIN Frédéric (1810-1849)
Compositeur
à l'image romantique par excellence (vie brève, mort de tuberculose,
amour avec George Sand), polonais d'origine mais français à partir
de 1831, sa musique est destinée essentiellement au piano, dont il est
un virtuose. Rares sont les fautes de goût dans ses œuvres, et beaucoup
d'entre elles sont belles et empreintes de sensibilité romantique.
C'est une musique du sentiment, des états d'âme et souvent de la
mélancolie, qui se caractérise par un grand sens de la mélodie. Voici
les plus appréciées, pour piano seul : - 12 Études opus 10 et 12 Études opus 25
: deux séries de 12 miniatures durant en moyenne 2 minutes chacune (de 1 à 6 minutes),
aux couleurs très variées, allant du champêtre au tragique, du sombre
au lumineux, du calme et joyeux au vertige désespéré. Parmi les pièces
les plus réputées de Chopin, à juste titre. - 24 préludes opus 28
: autre série de miniatures dont l'exécution ne dépasse pas 40 minutes,
moins de deux minutes en moyenne par pièce (de 30 secondes à 6
minutes), du dépouillement au virtuose, avec la même qualité que les
études (particulièrement les n°2, 4, 6, 7, 13, 15, 17, 20, 24). - 21 nocturnes : non pas une série, mais des œuvres séparées (opus 9/1, 2, 3 ; opus 15/1, 2, 3 ; opus 27/1, 2 ; opus 32/1, 2 ; opus 37/1, 2 ; opus 48/1, 2 ; opus 55/1, 2 ; opus 62/1, 2 ; opus 72/1, plus deux posthumes, en do dièse mineur et en do mineur),
qui, comme leur nom le suggère, sont des pièces plutôt sombres,
mélancoliques, très belles, toutes sans exception, très sensibles et
touchantes. Peut-être ce que Chopin a fait de plus émouvant. - Fantaisie-impromptu en do dièse mineur opus 66 - Berceuse en ré bémol majeur opus 57 : 5 minutes de délicatesse, de finesse, de tendresse, de douceur. Un bijou.
Parmi les 4 ballades qu'il a composées, on peut souligner la première, en sol mineur opus 23, et la quatrième, en fa mineur opus 5. Parmi les 4 scherzos, on peut retenir particulièrement ceux en si mineur opus 20, et en si bémol mineur opus 31, pleins de fougue, de virtuosité, de vigueur.
Il
a aussi composé 19 valses, souvent des pièces plus légères, parfois
gaies, pas toutes passionnantes, dont les plus belles sont sans doute
celles en la bémol opus 34/2, en do dièse mineur opus 64/2, en la bémol majeur opus 69/1, en fa mineur opus 69/2, en la bémol majeur opus 70/2, et en la mineur sans numéro d'opus...
Chopin a composé 3 sonates, dont les deux dernières sont belles et puissantes : - Sonate pour piano n°2 en si bémol mineur opus 35 :
c'est dans cette sonate très sombre que l'on trouve la célèbre marche
funèbre bien nommée, dans le troisième mouvement, dont le passage
central est délicat et tendre. Le reste de la sonate est puissant,
vigoureux, fougueux. - Sonate pour piano n°3 en si mineur op. 58 : plus puissante que la précédente, elle vaut aussi particulièrement par son troisième mouvement, largo très inspiré.
Il
est aussi célèbre pour ses Polonaises (la Polonaise "héroïque"
notamment), 17 au total, pièces vigoureuses, martiales, virtuoses,
spectaculaires,
plutôt extraverties, et pas les plus intéressantes ni les plus
émouvantes de Chopin. Si on aime ce genre, les plus belles sont sans
doute celles en mi bémol mineur opus 26 n°2, en do mineur opus 40 n°2, en fa dièse mineur opus 44, et en la bémol majeur opus 53 (la fameuse "héroïque")...
Les concertos pour piano n°1 en mi mineur opus 11 et n°2 en fa mineur opus 21
sont romantiques, d'un sentimentalisme facile, plutôt extraverti, et
donc pas très profonds, mais ils sont émouvants, agréables, le premier
étant le plus joli, le plus fin et le plus léger.
SCHUMANN Robert (1810-1856)
Compositeur allemand romantique auteur de quelques chefs-d'œuvre exceptionnels de la musique de chambre : - Quintette avec piano en mi bémol majeur op. 44 : une merveille d'énergie, de vie, de variété, une réussite totale. - Quatuor avec piano en mi bémol majeur op. 47 : tout aussi beau, bien que moins énergique, et plus émouvant. - Quatuor à cordes en la majeur op. 41 n°3 : avec notamment dans le deuxième mouvement une très belle valse. - Fantasiestücke pour clarinette et piano op. 73 : assez proche comme ambiance des sonates op. 120 de Brahms.
Je
ne sais pas quoi en dire de plus, mais que cette brièveté des
commentaires ne vous trompe pas : il s'agit là de très grands chefs-d'œuvres... Comme
tous les romantiques, il a beaucoup composé pour piano, mais la
personnalité de Schumann est plus âpre, plus difficile d'accès,
moins séduisante que celles de Chopin ou Liszt, pour citer des
musiciens de la même génération. Parmi ces œuvres, on peut
écouter avec plaisir le "Carnaval"
opus 9,
les Etudes symphoniques opus 13,
les Variations abbeg opus 1,
la Fantaisie opus 17, mais les œuvres les plus attachantes sont sans doute :
-
"Scènes d'enfant"
(Kinderszenen) opus 15
: un ensemble de 13 pièces variées, colorées, jolies, avec un
caractère enfantin, comme le titre l'indique, faciles d'accès.
-
"Kreisleriana" opus 16
: suite de 8 pièces pour piano au ton varié, atypique, tantôt
fougueuses, tantôt tendres ou fantasques, constituant un ensemble
original (1 demi-heure), plein de charme romantique. -
"Arabesque" en do opus 18
: 6 minutes d'une musique charmante.
Schumann maîtrisait moins bien les compositions pour
orchestre, mais on trouve dans ses œuvres l'un des plus beaux
concertos pour piano du XIXème siècle : - Concerto pour piano en la mineur Op. 54
: un flot d'émotions romantiques, avec l'ample thème du premier
mouvement, un chant d'amour vigoureux dans un style déclamatoire
(mais tellement moins lourd que les concertos pour piano de Brahms, par
exemple)... Un chef-d'œuvre du genre.
LISZT Franz (1811-1886)
Musicien
hongrois, mais cosmopolite, il fut un des plus grands pianistes de son
époque, et sa virtuosité lui a valu une renommée sur tout le
continent. Outre sa technique exceptionnelle, sa nature généreuse, sa
prestance auprès des femmes et sa vie tumultueuse, qu'il finit en
endossant l'habit de prêtre, en ont fait une légende romantique. C'est
aussi un compositeur aux facettes variées, car, à côté de pièces de
concert spectaculaires mais souvent creuses, boursoufflées, lourdement
romantiques, et des pièces pour piano où prime une virtuosité
grandiloquente, il a aussi écrit des pages
très neuves et inspirées, où il rompt avec les habitudes tonales de
l'époque et annonce les innovations des compositeurs à venir... On lui doit quelques chefs-d'œuvre pour piano seul : - Sonate en si mineur
: suite de 3 mouvements qui s'étalent sur une demi-heure, c'est une
œuvre maîtresse d'une puissance exceptionnelle, d'une ardeur et d'un
souffle romantiques exemplaires. Une musique géniale qui vous emporte dans son
flot lyrique aux accents nostalgiques profonds, de l'obscur à la
lumière, puis à l'obscur encore. Un monument incontournable. - "Après une lecture du Dante, fantasia quasi-sonata" : œuvre deux fois moins longue, spectaculaire, plus héroïque mais sombre, elle vous entraîne dans un voyage vertigineux.
A
la fin de sa vie, il abandonne la virtuosité, invente un nouveau
style et compose quelques pièces épurées, à l'atmosphère étrange,
petits bijoux uniques, dont voici les plus beaux : - Lugubres gondoles 1 et 2 : deux courtes pièces en effet lugubres, dépouillées et sublimement tristes (5 et 8 minutes). - Funérailles : devinez l'atmosphère de cette pièce... - Richard Wagner - Venezia : autre courte pièce obstinément lugubre. - Nuages gris : même sinistre dépouillement pour 4 minutes de finesse. - Bagatelle sans tonalité : plus atypique encore, c'est une piécette de 3 minutes étrange mais pleine de charme.
On
doit aussi à Liszt d'excellentes transcriptions pour piano des 9
symphonies de Beethoven, les transformant en énormes sonates
magnifiques, ce qui n'est pas le moindre de ses mérites...
FRANCK César (1822-1890)
Compositeur
français surtout connu pour avoir été un grand organiste et
professeur de musique, il compte en musique de chambre deux chefs-d'œuvres incontestés : - Quintette pour piano et cordes en fa mineur - Sonate pour piano et violon en la majeur Deux œuvres particulièrement tendues, au romantisme ardent, passionné,
lyrique, de grandes puissance et intensité dramatique. Magnifiques.
BRAHMS Johannes (1833-1897)
Autre
grand compositeur allemand, dont les chefs-d'œuvres sont sans doute
dans sa musique de chambre...
-
Sonate pour piano et violoncelle en mi mineur opus 38
: la plus belle des deux sonates pour cette formation, qui met en
valeur l'onctuosité du violoncelle. La
sonate n°2 (en fa majeur opus 99) ne vaut guère que pour son deuxième
mouvement au joli thème tendre et doux.-
2 Sonates pour piano et clarinette opus 120
: musique nostalgique,
douce et intime, merveilleusement
au service des sonorités chaudes de la clarinette. Les deux chefs-d'œuvre du genre, tout simplement.
-
Quintette pour piano et cordes en fa mineur opus 34 :
l'un des chefs-d'œuvre les plus connus de Brahms, vivant,
romantique, contrasté...
-
Trio avec piano en si majeur opus 8
:
un bijou romantique, lyrique, dont les 4 mouvements sont habités par
de beaux thèmes mélodiques, entre le tendre, le vif, le joyeux, le
grave, l'émouvant etc... Une très belle œuvre.
On
peut aussi signaler le sextuor n°1 en si bémol
majeur opus 18
pour son deuxième mouvement, dont le thème très romantique,
d'ailleurs connu, est intense, tragique et beau. Le reste du sextuor
est bavard et pas passionnant.
Sa
musique pour orchestre est souvent lourde, démonstrative, et n'est
pas exempte de vulgarités, mais elle compte quelques belles œuvres
:
-
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op 77 :
plus beau que celui de Beethoven, c'est une pièce maîtresse,
pleine de fougue, de vigueur, enthousiaste, avec deux mouvements vifs
extravertis qui encadrent un très touchant mouvement lent et un
thème principal très chantant qui s'imprime dans l'esprit...
Sans
doute le plus beau concerto pour violon du XIXème
siècle.-
Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur opus 83:
s'il a des défauts, comme une certaine lourdeur déjà évoquée,
notamment dans le premier mouvement, il a néanmoins des beautés qui
le rendent préférable au premier concerto pour
piano (en ré mineur opus 15, agréable et malgré tout recommandable,
mais moins bon). En effet, son deuxième mouvement, dont le lyrisme et
la
fougue sont assez épais, a un beau thème mélodique justement
célèbre, comme celui du troisième mouvement, tandis que le
quatrième et dernier mouvement donne à entendre quelques thèmes
légers, allants, assez agréables.
Dans
sa musique pour piano seul, on peut citer les pièces suivantes :
-
Variations en fa dièse mineur sur un thème de Robert Schumann op.9
-
4 ballades op.10
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Variations en ré majeur sur un thème original op.21 n°1
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16 valses op.39
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Pièces pour piano (klavierstücke) op.76
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Rhapsodie en sol mineur op.79 n°2
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Fantaisies op.116,
surtout les n°2 (intermezzo en la mineur),
n°4 (intermezzo en mi majeur),
n°6 (intermezzo en mi majeur)
et n°7 (capriccio en ré mineur)
-
Intermezzi op.117,
118 et
119
Il
s'agit pour la plupart d'ensembles de courtes pièces souvent
délicates, sans esbroufe, souvent tendres, parfois pas profondes,
légères, où il n'y a pas d'air qui retienne spécialement
l'attention, mais une atmosphère romantique, une certaine
mélancolie, et qu'il faut écouter plusieurs fois avant d'en
saisir les finesses.
DVORAK Anton (1841-1904)
Compositeur
tchèque connu essentiellement pour sa 9ème
symphonie,
dite "du nouveau
monde", très
facile d'accès et très appréciée du public non averti (j'ai
commencé par là, comme beaucoup), il en a tiré une réputation peu
justifiée, sa musique, souvent empreinte d'un sentimentalisme un peu
vulgaire, ne comportant guère de chef-d'œuvre... Mais on y trouve
des pages agréables et mélodieuses, d'un romantisme mesuré,
notamment dans sa musique de chambre, qu'il s'agisse de ses 4 trios
avec piano, de ses 2 quatuors avec piano, ou encore de ses 2 quintettes
avec piano, dont un quasi chef-d'œuvre : Quintette pour
piano et cordes n°2, en
la majeur op. 81, dont le
premier mouvement fougueux, romantique, est suivi d'un deuxième
sensible, tendre, délicat et vraiment beau. Le troisième est quant
à lui allègre, chantant, vivant, léger et joyeux (le quatrième
est moins remarquable).
FAURÉ Gabriel (1844-1925)
Compositeur
français, il a produit une musique intime, sentimentale, souvent nostalgique. En raison
de cette sensibilité romantique, il composa essentiellement pour
piano, formations de chambre ou voix soliste accompagnée au piano
(on appelle ça une "mélodie", équivalent
typiquement français du "lied" allemand). Sa musique comprend
quelques chefs-d'œuvre qui plongent l'auditeur dans une ambiance
"Belle Epoque", de salon bourgeois, proche de ce qu'on
trouve chez Proust en littérature :
-
Quatuor pour piano et cordes n°1 en ut mineur
op. 15,
tout y est beau,
homogène, romantique, émouvant... Un premier et un dernier
mouvements ardents, vifs, lyriques, un deuxième plus léger,
sautillant, et un troisième lent, fiévreux, avec une certaine
intensité dramatique.
-
Quintette pour piano et cordes n°2 en ré mineur op. 115,
avec à peu près les mêmes caractéristiques : premier et quatrième
mouvements animés par de beaux thèmes mélodiques, plein de
raffinement et d'élégance, le premier plus lent que le dernier,
moins fougueux ; un troisième mouvement lent, doux, joli. Seul le
deuxième mouvement, rapide et vif, ne présente guère
d'intérêt.
-
Sonate pour violon et piano n°1 en la majeur op. 13,
pas un chef d'œuvre, mais 4 mouvements avec de jolies mélodies, pas
profondes mais agréables. Dans ses œuvres pour piano, il y a quelques belles pages, mais la séduction mélodique, plutôt rare, est rarement immédiate...
Parmi les 13 Barcarolles,
musique fluide évoquant des promenades sur l'eau, fine et pas très
facile d'accès, car peu ont des lignes mélodiques vraiment prenantes,
les plus émouvantes sont les n°1 en la mineur opus 26, n°8 en ré bémol majeur opus 96, n°9 en la mineur opus 101, d'une sombre mélancolie, n°10 en la mineur opus 104, n°12 en mi bémol majeur opus 106bis.
Ses 13 Nocturnes sont eux
aussi des pièces énigmatiques, dont le charme discret ne se donne pas à
la première écoute, car on y trouve encore moins de lignes mélodiques
séduisantes, et elles valent surtout par leur atmosphère unique, sombre
et ardente à la fois, et d'une certaine froideur. Les plus accessibles
sont les n°4 en mi bémol opus 36, magnifique mélange de passion romantqiue, de raffinement et de beauté mélodique, n°10 en si mineur opus 99, n°13 en si mineur opus 119... Plus faciles d'accès sont ses trois Romances sans parole opus 17, adorables petites pièces aux jolies mélodies, petits bijoux de nostalgie, dont l'ensemble ne dure guère plus de 5 minutes.
Un peu dans le même esprit, et parmi ses plus belles pages, il y a "Dolly" opus 56, ensemble de 6 courtes pièces pour piano à 4 mains, charmantes, surtout Berceuse, Le jardin de Dolly, Kitty-valse...
Enfin, ses Préludes opus 103
sont une suite de 9 pièces variées, plus accessibles que les Nocturnes,
alternant douceur mélancolique, exaltation romantique et charme
bourgeois. Les plus jolis sont les 4 premiers (n°1 en ré bémol, n°2 en do dièse mineur, n°3 en sol mineur et n°4 en fa).
CHAUSSON Ernest (1855-1899)Compositeur français mort prématurément dans un accident de vélo, il est l'auteur d'un magnifique Concert en ré majeur pour piano, violon et quatuor à cordes opus 2,
d'une grande intensité romantique, qu'on peut même trouver excessive.
Le troisième mouvement est un des plus lugubres, des plus tristes qu'on
puisse entendre, et tant pis si on peut juger ça trop appuyé et complaisant. Un chef-d'œuvre et un compositeur méconnus...MAHLER Gustav (1860-1911)
Compositeur
autrichien à classer plutôt dans le XIXème siècle, tant sa musique y est
encore attachée, il est connu essentiellement pour ses symphonies et
ses lieder. Il faut préciser que les couleurs instrumentales de Mahler
sont souvent très vives, avec de gros effectifs, et notamment beaucoup
de cuivres, ce qui a des effets tonitruants, parfois (très) lourds, et
que son romantisme est extraverti. Cela ne plaît pas à tout le monde,
car on n'est parfois pas loin des fanfares militaires qui ont
d'ailleurs marqué l'enfance du compositeur, et d'un pathos très appuyé. Mahler
ne sait pas élaguer, aller au plus court, alléger, mais la dimension de certains passages tragiques n'a pas d'équivalent chez
d'autres compositeurs, tant ils sont tendus. Mieux vaut le savoir avant
d'aborder cette musique. Parmi les œuvres monumentales que sont ses
symphonies, les meilleures sont :
- Symphonie n°2 en ut mineur "Résurrection"
(avec soprano, contralto et chœurs) : à peu près 1h15, en 5
mouvements, elle vous emmène dans des paysages variés, très contrastés,
commençant par une entrée parfaitement lugubre et menaçante pour, à la
fin de la symphonie, arriver à une apothéose grandiose où se mêlent
orchestre, chœurs, solistes et même grand orgue... Un final magnifique qui vous transporte... Mais il ne faut pas nier que
certains passages intermédiaires ont des lourdeurs...
- Symphonie n°3 en ré mineur
(avec contralto et chœur d'enfants) : autre pièce monumentale de plus
d'1h30 et 6 mouvements ! Là encore, certains passages sont un peu
indigestes (la demi-heure du premier mouvement, malgré sa force lugubre et sa beauté, en contient quelques-uns),
mais, outre le deuxième, gracieux, le troisième, très vivant, varié et
assez mélodieux, c'est dans les quatrième et sixième
mouvements qu'on atteint le sublime : le quatrième, qui est indiqué
"très lent-misterioso", est d'une retenue qui rend la musique profonde, grave et calme, d'une douceur
presque inaudible. La voix de contralto (la
voix
la plus grave chez les femmes) émerge
du flot doux et profond de l'orchestre pour chanter un poème
de Nietzsche... Un des plus beaux morceaux de Mahler,
magnifiquement utilisé par Visconti dans "Mort à Venise". Quant au
dernier mouvement (le sixième), de plus de 20 minutes, marqué
"lentement, silencieux, avec sentiment", c'est une lente montée en
puissance, avec quelques accès de tension tragique sur un thème
très romantique, jusqu'à un final grandiose, avec timbales et orchestre
donnant la pleine mesure de sa force. C'est somptueux.
-
Symphonie n°4 en sol majeur :
les deux premiers mouvements sont assez jolis et légers, plus fins
que la moyenne, mais c'est le troisième qui est le clou de cette
œuvre, magnifique adagio qui compte parmi les plus belles pages de
Mahler. Le quatrième est un lied frais et charmant qui clôt la
symphonie de façon inattendue, sans final orchestral.
- Symphonie n°5 en ut dièse mineur
(70 minutes) : elle est justement célèbre pour son adagietto qui a été
magnifiquement utilisé, lui aussi, dans le très beau
film de Visconti "Mort à Venise" (après l'avoir vu, vous ne pourrez
plus entendre les premières mesures de l'adagietto sans voir la lagune
de Venise), et qui est une lente et déchirante montée de cordes
au comble du romantisme. Ce quatrième mouvement est un pur chef
d'œuvre, mais le reste de la symphonie est aussi très beau. Premier
mouvement d'une grande noirceur tragique,
deuxième mouvement qui continue dans la même lignée, troisième
mouvement beaucoup plus joyeux, varié, contrasté, et le cinquième et
dernier, peut-être le moins séduisant, patchwork reprenant des thèmes
des autres mouvements... - Symphonie n°9 en ré majeur
(80 minutes) : dernière symphonie achevée de Mahler, son premier
mouvement dure près d'une demi-heure ! Il y a quelques longueurs et des
lourdeurs (toujours ces cuivres tonitruants et les dissonances
qu'aimait le compositeur), mais le thème initial est beau, et il
comporte de nombreux passages émouvants très réussis. C'est après le deuxième mouvement
(enjoué, très germanique, sur un tempo de valse lente) et le troisième
(un peu dans le même esprit), tous les deux pas très intéressants, que le sublime arrive : le quatrième et
dernier mouvement, marqué adagio,
est dominé par les cordes, et les violons n'en finissent plus de mourir
après bien des tourments,
en une agonie de plus de 20 minutes (!) qui se termine dans un souffle
à peine
perceptible. Morceau au-delà du tragique qui atteint le comble du
romantisme. On n'est pas allé plus loin dans le genre...
Âmes sensibles, ça devrait vous combler... C'est franchement
complaisant dans la douleur, mais c'est tellement bon...
La Symphonie n°1 en ré majeur appelée "Titan" est aussi à conseiller, bien que de moindre envergure, ainsi que le premier
mouvement de la Symphonie n°10 en fa dièse majeur (inachevée), le seul que Mahler ait eu le temps de terminer (proche du style de la 9ème mais en plus lourd). Mais je ne vous conseille pas les autres (6, 7, 8) qui sont
particulièrement indigestes, sans belles mélodies, verbeuses et
manquant de profondeur.
La 8ème, appelée "symphonie des mille", et qui
requiert en effet plus de 1000 instrumentistes et chanteurs, est aussi
boursouflée que du Wagner, et on peut même trouver le "Veni
creator" qui ouvre la première partie particulièrement lourd, informe
et indigeste... Franchement déconseillé, c'est proprement
insupportable, et laisse à penser que moins on n'a de choses à dire,
plus il faut le gueuler...
- Kindertotenlieder ("Chants pour les enfants morts") : c'est
un ensemble de 5 chants sur ce thème, à la fois lumineux et
sombres. Et là, il y a une interprète obligée, car elle a chanté cette
œuvre comme personne, avec une émotion unique : Kathleen Ferrier
(morte d'un cancer en 1953 à l'âge de 41 ans), dont la vie est
elle-même émouvante, car, découverte tardivement, elle a eu une trop
courte
carrière. Mais sa voix chaude, caractérisée par un vibrato qui tire les
larmes, n'a jamais été égalée par quiconque, et l'écouter dans cette
œuvre est une expérience qui marque définitivement ceux dont la
sensibilité entre en résonance avec ce timbre profondément humain et
maternel... Alors, l'enregistrement de référence est ancien, mono, mais
de qualité : Mahler : Kindertotenlieder, Kathleen Ferrier (contralto), Orchestre philharmonique de Vienne dirigé par Bruno Walter, EMI - Das Lied von der Erde ("le
chant de la terre") : inspirée de poèmes chinois, cette œuvre
symphonique fait alterner des chants pour ténor et contralto. Les
parties pour ténor sont gaies, enjouées, mais pas les plus
passionnantes... En revanche, les parties pour voix de femme sont
sublimes, et le dernier mouvement, intitulé "Der Abschied"
(l'adieu), où l'instrumentation est plus dépouillée et évoque des
sonorités asiatiques, a une intensité tragique très touchante
(spécialité du compositeur). Et là aussi, Kathleen Ferrier
arrive au comble de l'émotion, tout au long de ce dernier chant du cycle
(durant à lui seul 25 minutes), qui s'achève dans la douceur du mot
"ewig" (éternel) répété jusqu'au silence. Un des quelques disques à
emporter sur une île déserte. Mahler : le Chant de la terre, Kathleen Ferrier (contralto), Julius Patzak (ténor), Orchestre philharmonique de Vienne dirigé par Bruno Walter, Decca
- Rückert lieder
: c'est un ensemble de 5 chants pour orchestre et contralto sur des
textes de Friedrich Rückert, qui, sans avoir la tristesse des œuvres
précédemment citées, sont néanmoins très beaux, surtout Ich atmet' einen linden Duft, Um Mitternacht et Ich bin der Welt abhanden gekommen, tous trois profonds, doux et mélancoliques...
Et, là encore, il y a Kathleen Ferrier, et les autres... On trouve ces
trois lieder en complément du "Chant de la terre" sur le disque cité...
XXème
DEBUSSY Claude (1862-1918)
Compositeur
français que l'on classe dans le XXème
siècle, tant sa musique est moderne et rompt avec celle du XIXème
siècle, son style original et libre qu'on a dit
"impressionniste" (en raison d'un certain "flou"
sonore, comme par touches colorées, et un recours plus grand aux
sensations sonores de l'auditeur) suppose une écoute attentive, une
certaine maturité pour en goûter les nuances, car ça n'est pas
facile d'accès, en raison d'un aspect apparemment informe. C'est
raffiné, pas évident à la première écoute mais délicat, élégant
et parfois très beau... Il a surtout écrit pour piano, et on trouve
dans ce domaine des joyaux rares :
-
Images I et II
: deux séries de trois pièces variées et inégales, avec des noms
évocateurs, dont les plus belles sont Reflets dans
l'eau, Hommage
à Rameau, Cloches
à travers les feuilles, Et
la lune descend sur le temple qui fut...
Si vous savez aimer la pluie sur les carreaux et l'automne, vous
aimerez sans doute cette musique...
-
Préludes, Livres I et II
: un ensemble de deux fois 12 pièces, soit 24 miniatures variées,
dotées aussi de titres descriptifs et de ce même caractère
élégant, raffiné, complexe, mais aussi froid, sombre, lent, le
tout baignant dans une atmosphère de dépouillement assez
inconfortable. Les plus beaux sont sans doute Des pas
sur la neige, Voiles,
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir,
La cathédrale engloutie,
pour le livre I, et
Brouillards,
Bruyères, La
terrasse des audiences du soir de lune,
Ondine et
Canope,
pour
le Livre II...
-
Suite bergamasque : à mon
sens la plus belle œuvre de Debussy, dont les 4 mouvements ont une
grâce particulière, surtout les deux derniers, Clair
de Lune et Passepied,
qui sont un ravissement...
-
Arabesque n°1 : de même
inspiration, l'une de ses plus belles pièces, fine, délicate,
exquise...
Debussy
a peu composé de musique de chambre, et je recommande
particulièrement son unique et magnifique Quatuor
à cordes en sol mineur opus 10,
majestueux, suave, coloré, mais aussi fiévreux (premier mouvement),
un flot plein de vie, avec notamment un beau troisième mouvement
lent et triste. Dans sa musique pour orchestre, une très jolie œuvre est plus accessible que les autres : Danses sacrée et profane, pour harpe et orchestre, une pièce de 10 minutes, simple, fine et délicate, avec une jolie mélodie.
SATIE Erik (1866-1925)
Musicien français, qui
n'est pas ce qu'on appelle un grand compositeur, car il n'a pas produit
de grandes œuvres, et, ayant commencé la musique assez tard, il
n'avait pas un niveau technique remarquable, ce qui lui a valu
longtemps le mépris des musiciens. Son œuvre est presque
entièrement pour piano, et ce sont surtout des pièces assez courtes à
l'ambiance originale, entre le dépouillement, l'enfantin, l'humour et le fantasque,
comme l'annoncent ses titres provocateurs ("Préludes flasques pour un
chien", par exemple). On lui doit néanmoins des perles souvent
imitées mais jamais égalées, qui sont un bon moyen d'entrer dans la
musique classique, pièces simples
mais à la force émotive unique : les 3 Gymnopédies et les 6 Gnossiennes
pour piano. Il n'y a peut-être aucune musique plus nostalgique que ces
pièces de quelques minutes à peine... Parmi les plus agréables de ses
autres pièces pour piano, on peut citer les "3 morceaux en forme de poire" (composés en réalité de 7 petites pièces entre la mélancolie et le cabaret), les 5 Nocturnes (3 + 2), d'une grâce délicate, Pièces froides (trois airs à faire fuir et Danses de travers), ou encore de toutes petites pièces destinées aux enfants, simplissimes mais au charme unique, comme les "Menus propos enfantins" et "Enfantillages pittoresques"...
Parmi ses rares compositions pour orchestre, deux se détachent par leur originalité : - "Parade"
: musique de ballet d'un quart d'heure, qui fit scandale
lors de sa création en 1917 par les Ballets Russes, elle mélange simplicité mélodique, cordes
classiques et un grotesque très sage, notamment par le thème principal
et récurrent, qui ressemble à l'avancée d'une locomotive à vapeur,
l'ajout de bruits divers comme ceux d'une machine à écrire, d'une
sirène, de coups de pistolet etc... Le résultat est charmant, d'un esprit unique, sans être génial, et très attachant pour qui est sensible à cet esprit potache et tendre à la fois. - "Socrate"
: c'est une suite de trois pièces pour 4 voix de femmes et petit orchestre,
racontant des épisodes de la vie du philosophe, sur des extraits des dialogues célèbres de Platon
: le "Banquet", pour la première, "Phèdre" pour la
deuxième, et "Phédon" pour la dernière. Ce dernier épisode, intitulé "La mort de Socrate",
est de loin le plus réussi, suivant les derniers moments du philosophe
pendant près de 20 minutes de douceur, d'émotion délicate, de douleur
très discrète, voire absente, Satie ayant voulu faire une musique la
moins pathétique, la plus "blanche"
possible. Il a fait une version pour piano de cette partition, souvent
chantée par un ténor, qui ne produit donc pas le même effet, mais les
deux versions de cette musique de gourmet sont recommandables.
IVES Charles (1874-1954)
Compositeur
américain atypique, dont la musique oscille entre des airs guillerets
d'inspiration folklorique et pas passionnante, et des pièces
symphoniques très sérieuses (pas passionnantes non plus), aux couleurs étranges, moderne avant tout
le monde, cultivant des dissonances qui ont beaucoup choqué à l'époque,
il est surtout l'auteur d'une courte pièce pour orchestre
sublime, The unanswered question
(la question sans réponse), profonde, mélancolique, presque
inquiétante, où des accès de cuivres et vents intempestifs troublent le
presque silence des nappes de cordes diaphanes, douces et belles qui
planent sur un paysage de désolation, comme un champ de ruines après la
bataille. 7 minutes d'une rare intensité... Aucune autre de ses musiques ne suscite le même intérêt...
RAVEL Maurice (1875-1937)
Compositeur
français qui a montré un souci de précision extrême dans sa musique, il
a fait quelques chefs-d'œuvre, comme le très célèbre "Boléro" que tout le monde connaît, pièce fascinante et toujours efficace. Mais il en a fait de plus beaux : - Concerto pour piano et orchestre en sol : entre les deux mouvements rapides qui débutent et terminent de façon tonitruante ce concerto en une course énergique,
et dans lesquels résonnent des timbres empruntant au jazz, il y a le
sublime mouvement lent, plein de nostalgie et de mélancolie, l'une des plus
belles musiques qui puissent s'entendre. Très émouvante, elle fait
penser au Erik Satie des gymnopédies... Un chef-d'œuvre absolu. - Concerto pour piano pour la main gauche en ré majeur
: comme son nom l'indique, et comme son écoute semble le contredire, ce
concerto en un seul mouvement se joue en effet avec la seule main
gauche, car il est une commande d'un pianiste amputé de la main droite
(Paul Wittgenstein, frère de Ludwig, le philosophe). Moins facile
d'accès que le précédent, ce concerto est une des musiques les plus
sombres de Ravel, et sa virtuosité fait complètement oublier l'absence de la
deuxième main, le hissant au rang des joyaux du répertoire.
Ravel n'a pas beaucoup composé pour formations de chambre, mais on y trouve une œuvre remarquable : - Quatuor à cordes en fa majeur :
son unique quatuor, c'est un bijou parfait où tout est
vivant, habité, fin, subtil, plein de couleurs et contrasté. Une
excellente façon de découvrir le genre du quatuor à cordes.
Il
a aussi composé pour piano, et parmi ses plus belles œuvres il y a
:
-
"Pavane pour une infante défunte"
: brève pièce sans doute trop connue mais toujours aussi
émouvante. Un bijou.
-
"Gaspard de la nuit"
: univers moins facile mais tout aussi beau, c'est une œuvre en
trois parties (Ondine,
Le gibet,
Scarbo), de
grandes délicatesse et finesse, pleine de nuances, sombre,
lancinante, surtout le deuxième mouvement, où l'on entend comme une
cloche lugubre accompagnant le balancement d'un pendu au vent...
Triste et magnifique.
-
"Valses nobles et sentimentales"
: pièces agréables, délicates, très "début de siècle"
(le XXème,
bien sûr), avec quelques hardiesses harmoniques.
-
"Jeux d'eau" :
mêmes qualités.
-
"Miroirs" :
surtout les pièces 2 ("Oiseaux tristes"),
3 ("Une barque sur l'océan")
et 5 ("La vallée des cloches"),
là encore une musique très fine, délicate...
La
Sonatine
(3 mouvements) et
"le Tombeau de Couperin" (6
mouvements) sont aussi des musiques charmantes.
Comme
beaucoup de compositeurs de cette époque, il a composé des
mélodies, et parmi les plus belles :
-
"Histoires naturelles"
: 5 mélodies cocasses sur les textes de Jules Renard.
-
"Shéhérazade" :
suite de 3 poèmes d'inspiration orientale magnifiquement orchestrés
et produisant une atmosphère exotique unique.
Attention, à partir de là, vous entrez dans d'autres mondes, plus difficiles d'accès...
BARTÓK Béla (1881-1945)
Compositeur hongrois, il est notamment célèbre pour sa "Musique pour cordes, percussion et célesta"
(1936), une partition forte, tendue et contrastée, très originale, avec
un premier mouvement mystérieux, inquiétant, dominé par les cordes
qui montent lentement du silence à l'explosion, un deuxième mouvement
énergique, très percussif et rythmique, d'une vigueur brutale et électrisante, un troisième à nouveau
mystérieux et tendu, pour s'achever dans un quatrième mouvement animé
par un thème folklorique enlevé. Un classique du XXème siècle.
-
Sonate pour 2 pianos et percussions
: un autre grand classique, pour une formation instrumentale
inattendue, œuvre tendue à l'extrême, saccadée, violente, sombre,
sauvage dans le premier mouvement ; lente, mystérieuse, lugubre et
oppressante dans le deuxième ; claquante, énergique, explosive,
frénétique et même tonitruante dans le troisième...
Il
est aussi considéré comme le plus grand compositeur de quatuors après
Beethoven, et les six qu'il a composés en trente ans apportent en effet
une vision complètement nouvelle de cette forme. Avoir l'ensemble (seulement deux CDs) est une bonne
idée, et les plus fascinants sont sans doute les n°1, 2, 4 et 5. Le plus puissant et le
plus beau est le quatuor à cordes n°4 en ut majeur,
tendu, dense, grave, sec, plein de vie, d'énergie sauvage, d'harmonies
âpres, rudes, rugueuses et de hardiesses rythmiques.
Grand chef-d'œuvre, c'est sans doute la plus belle œuvre de
Bartok. Pour
l'interprétation, plus les
musiciens le jouent vite, mieux c'est... Le premier mouvement du quatuor n°5 en si bémol a la même inspiration et les mêmes qualités. Difficile d'accès.
A compléter...
STRAVINSKI Igor (1882-1971)
Grand
compositeur russe du XXème siècle, sa musique se caractérise par une
sorte de clarté, de grande lisibilité des plans sonores, utilisant les
différents timbres des instruments de façon analytique, avec un grand
sens des couleurs. On lui doit un monument qui a fait sa célébrité, et
qui a
révolutionné la musique et le ballet en son temps (1913), "Le sacre du printemps",
en deux tableaux, qui évoque des fêtes païennes et le sacrifice d'une
jeune
femme aux dieux. La partition a une force sauvage, une énergie brute,
des rythmes
très marqués par un arsenal important de percussions, des harmonies
violentes et contrastées, des timbres riches et variés, très colorés,
en une sorte d'extase musicale puissante. Un des grands chefs-d'œuvre
de l'histoire de la musique. Le chorégraphe Maurice Béjart
en a fait un très beau et hypnotisant ballet.
On lui doit aussi une autre musique de ballet très connue, pas du tout
dans le même esprit, qui raconte l'histoire d'un pantin amoureux, Petrouchka,
partition pleine de vie, de couleurs, d'humour, de fantaisie, de fraîcheur, et de
mélodies séduisantes reprenant des airs populaires, malgré le sort pourtant triste
du pauvre Petrouchka... Un joyau où il n'y a pas une minute de trop.
Aucune de ses autres œuvres ne ressemble au "Sacre du printemps", et elles
sont souvent moins hardies et beaucoup moins fortes. Il a eu notamment
une longue période néo-classique très en retrait. Vers la fin de sa
vie, il s'est laissé influencer par la musique sérielle et a composé
quelques morceaux souvent courts mais denses, dépouillés, épurés, de
belle qualité.
Sur toute sa carrière, on peut conseiller principalement :
- Concerto pour piano et instruments à vent
: d'une vingtaine de minutes, c'est une musique claire, assez
mélodieuse, d'une certaine élégance, notamment dans le deuxième
mouvement, lent, grave, presque funèbre, dépouillé, délicat, séduisant
par son caractère mélodique émouvant et facile d'accès.
- Mouvements pour piano et orchestre : œuvre sérielle très courte, en 5 mouvements de moins de 2 minutes, pour petit orchestre, dense, claire, proche de Webern, éclatée, dépouillée, difficile d'accès.
- Le rossignol
: opéra sur un conte d'Andersen d'inspiration chinoise, de 45 minutes,
discrètement orientalisant, qui n'est pas un chef-d'œuvre, mais a du charme, de la grâce,
dont le chant est souvent pur.
L'interprétation de 1960 sous la direction de Stravinsky est idéale par
son équilibre et par les clarté des voix. C'est vivant, nuancé et sobre.
- Les noces
: autre petit opéra de 25 minutes, où les voix chantent souvent en
chœur, accompagnées principalement pas des percussions et 4 pianos
jouant aussi le rôle de percussions, dans un esprit proche du
"Sacre...", mais beaucoup plus dépouillé. C'est violent, saccadé,
énergique, très contrasté, martelé, peu mélodique et difficile d'accès.
- Cantate
: sur des poèmes populaires anonymes des XVème et XVIème siècles, c'est
une œuvre de 25 minutes au charme désuet, étrange, empreinte d'une
certaine douceur, jouée par un orchestre de chambre qui lui donne son
dépouillement, son caractère intime, entre la musique ancienne et
l'atonalité du XXème siècle. Le Ricercar de 12 minutes pour ténor qui en est le cœur est néanmoins trop long.
- Canticum sacrum ad honorem sancti marci nominis : œuvre plus courte que la précédente, elle est plus ardue, austère,
car d'inspiration atonale, et d'une certaine beauté froide, mêlant
orchestre de chambre, chœur et solistes. Difficile d'accès.
- Introitus
: œuvre à nouveau religieuse, très brève (moins de 4 minutes), sombre
et profonde, chantée par un chœur accompagné d'un orchestre de chambre. - Symphonie des psaumes
: autre œuvre religieuse, tendue, sombre, plus proche de l'esprit du
"Sacre...", c'est une musique qui porte l'empreinte du XXème siècle,
puissante, d'une certaine beauté, avec des chœurs fervents qui en
renforcent l'austérité et la gravité. Pas facile d'accès.
- Le déluge
: un peu dans le même esprit, cette autre œuvre religieuse avec
récitant, solistes et chœurs, d'une vingtaine de minutes, est
puissante, austère, par son inspiration sérielle, grave, sombre et
dense. Difficile d'accès.
L'œuvre de Stravinsky compte aussi des chansons. Les plus belles, les
plus tendues, sont d'inspiration sérielle, à nouveau, dépouillées,
sobres, claires, brèves (entre 1 et 2 minutes), accompagnées par un
orchestre de chambre :
- 3 chants de Shakespeare
- In memoriam Dylan Thomas
- Elegy for JFK
La musique de Stravinsky a ceci de particulier qu'elle a en grande
partie été jouée sous sa direction, car il était aussi chef
d'orchestre, et ces enregistrements sont non seulement de précieux
documents (ah si on avait Beethoven dirigé par Beethoven !), mais aussi
des interprétations de référence...
WEBERN Anton (1883-1945)
Compositeur autrichien classé avec Berg et Schönberg dans
l'école de Vienne, qui a abandonné la tonalité au profit de la musique
sérielle dodécaphonique, sa musique est complètement atypique et d'une
densité très rare. Essentiellement composée de pièces brèves, la
plupart ne durant pas plus de deux minutes, parfois quelques secondes,
elle est tendue, extrêmement concentrée, vive et comme sculptée dans la
matière sonore, à la fois puissante et très délicate, jouant autant
avec le silence qu'avec les éclats de timbres d'instruments comme le
violon, le violoncelle, le piano ou le quatuor à cordes... C'est
d'ailleurs pour ces formations de chambre qu'il a composé les pièces
les plus belles, sans graisse, où il va à l'essentiel, des bijoux taillés dans le diamant : - Trois pièces pour quatuor à cordes (1913) - Cinq mouvements pour quatuor à cordes opus 5 - Quatre pièces pour violon et piano opus 7 : sublimes de densité, de retenue, de concision, un chef-d'œuvre.
- Six bagatelles pour quatuor à cordes opus 9 - Trois pièces pour violoncelle et piano opus 11 : le pendant de l'opus 7, avec les mêmes qualités. - Quartet opus 22
- Variations pour piano opus 27 - Quatuor à cordes opus 28
Dans quelques œuvres pour orchestre, on retrouve le même esprit : - 5 pièces pour orchestre de 1913
- 6 pièces pour orchestre opus 6
- 5 pièces pour orchestre opus 10
- Symphonie opus 21
- Concerto opus 24
- Variations opus 30
Difficile
d'accès, c'est une musique intense qui a influencé beaucoup de
compositeurs du XXème siècle. Les autres œuvres ont à peu près les
mêmes caractéristiques, mais ses œuvres de jeunesse, qui ne
portent pas de numéro d'opus, sont souvent des pièces plus classiques
et beaucoup moins passionnantes, et d'une certaine lourdeur post-wagnérienne... Dans le même esprit que les œuvres
référencées ci-dessus, Webern a aussi composé des œuvres vocales,
d'ailleurs les plus nombreuses... La totalité de son œuvre tient sur 6 CD.
BERG Alban (1885-1935)
Compositeur autrichien qui a assez peu produit, représentant, avec Schönberg et Webern, du
dodécaphonisme, l'une des premières formes de la musique atonale (cf
wikipedia pour ces termes techniques), il reste cependant attaché à la
force émotive de la musique, et à une certaine pureté mélodique qui
donnent à ses compositions une grande force dramatique. Son œuvre
la plus connue est son Concerto à la mémoire d'un ange, pour violon : musique intense, tendue, déchirante, mais difficile d'accès en raison des hardiesses atonales. Il est aussi l'auteur de deux opéras, dont le plus fort est Wozzeck,
un chef-d'œuvre du genre. Wozzeck est un ancien soldat et vit avec
Marie, une ancienne prostituée avec qui il a eu un fils. Dans leur
misère sociale, Wozzeck assure la survie en servant de cobaye à un
médecin dont les traitements lui donnent des hallucinations qui vont
amener à une fin tragique... On est proche de l'expressionnisme
allemand, entre le drame social, psychologique, et le sordide. Opéra
moins long que la moyenne, il n'est pas facile d'accès,
lui non plus, d'autant qu'il est lugubre et qu'il utilise le "sprechgesang" (chant
parlé), façon de déclamer entre la parole et le chant qui produit une
impression d'étrangeté et de malaise... Mais il n'y a dans Wozzeck pas
de graisse, de vulgarité ou de facilité si courants dans l'opéra... A
réserver à ceux qui sont déjà aguerris...
PROKOFIEV Sergueï (1891-1953)
L'un des compositeurs russes les plus connus, il est l'auteur de deux des plus belles musiques de ballets jamais composées : - Roméo et Juliette op.64, ballet
en quatre actes, de 2h30, d'après la pièce de Shakespeare, avec des
airs sublimes, notamment la "Danse des
chevaliers", le thème de Juliette, l'air de frère Laurent... Pour être
plus précis, les différents morceaux étant numérotés (52 au total),
sont à retenir particulièrement les 1 (introduction de l'acte I), 7 (le
décret du prince), 10 (thème de Juliette), 13 (la célèbre et magnifique
danse des chevaliers), 19 à 21 (suite des scènes du balcon et d'amour
entre Roméo et Juliette), 29 (Juliette chez le frère Laurent, mariage
avec Roméo), 36 (final de l'acte II, sublime passage du cortège portant
le corps de Tybalt, qui exprime plus puissamment que n'importe quel
autre morceau l'atrocité implacable du destin et l'irréversibilité), 37
et 38 (introduction de l'acte III et la dernière entrevue de Roméo et
Juliette), 43 (interlude d'un peu plus d'une minute, déchirant, l'un
des plus beaux passages du ballet), 44 à 47 (superbe, où Juliette se
décide à boire le philtre qui doit l'endormir), et enfin 51 et 52, les
deux derniers numéros, enchaînant les funérailles de Juliette, la mort
de Roméo puis celle de Juliette... - Cendrillon op.87,
ballet en trois actes, d'après le conte de Perrault, pas tragique, lui,
et musicalement moins émouvant et moins beau. On en retiendra surtout,
sur les 50 numéros, les 1 (thème principal, en introduction de l'acte
I), 11 (même thème, pour le retour de la mendiante), 18 (le thème de
l'horloge), 19 (départ de Cendrillon pour le bal), 29 (arrivée de
Cendrillon au bal), 30 (la grande valse), 36 à 38 (pas de deux entre
Cendrillon et le prince, valse-coda et les 12 coups de minuit), 43
(Orientalia), et enfin 50 (final-amoroso)... Les beaux thèmes sont
assez rares, mais ils sont vraiment beaux. Précision
importante : ces œuvres sont de la musique descriptive faite pour
accompagner la danse, ce qui fait que les écouter comme n'importe
quelle autre musique, sans voir les chorégraphies, donne l'impression
de longueurs, de passages manquant de relief. Je vous conseille donc
très fortement de voir les ballets complets à l'Opéra de Paris avec les
danseurs de l'Opéra de Paris (actuellement les meilleurs du monde, avec
les plus grandes étoiles), dans la version qu'en a faite Rudolf
Noureev. C'est magistral, somptueux, magnifique, avec des décors, des
costumes, des chorégraphies et une mise en scène d'une richesse
exceptionnelle. Spectacle total, c'est la grande émotion assurée,
surtout Roméo et Juliette...
Si la fin ne vous fait pas pleurer, c'est que vous n'êtes pas humain...
Bien sûr, c'est onéreux et c'est un spectacle de luxe, mais à voir
une fois dans sa vie, au moins... Et puis, faute de mieux, ça existe en
DVD... Il existe des suites pour orchestre des plus belles pages de ces ballets, ce qui permet d'aller à l'essentiel : Pour Roméo et Juliette : Première suite symphonique op. 64 bis, Deuxième suite symphonique op. 64 ter, Troisième suite symphonique op. 101. Pour Cendrillon : Première suite symphonique op. 107, Deuxième suite symphonique op. 108, Troisième suite symphonique op. 109. Et il y a encore la possibilité d'écouter les transcriptions pour piano de ces suites, faites par Prokofiev,
qui donnent à ces œuvres un caractère plus intime et très touchant.
Parmi
ses 7 symphonies, qui ne s'imposent pas vraiment comme des
chefs-d'œuvre, on retiendra la
plus belle, la Symphonie n°5 en mi bémol Op.100,
qui reprend quelques thèmes de "Roméo et Juliette", notamment dans les
beaux deuxième et troisième
mouvements, qui font l'intérêt de cette symphonie... Facile d'accès.
- Visions fugitives op. 22 : 20 miniatures pour piano dont certaines font penser à Satie. Musique délicate et variée. - Sonate pour violon et piano n°1 en fa majeur op. 80 : très
belle musique, intime, émouvante, sensible, dont le premier et le
dernier mouvements comportent des passages sombres, tendus,
magnifiquement tragiques.
On peut encore citer "Alexandre Nevski", cantate opus 78, œuvre pour soprano, chœur et orchestre puissante, intense, tendue, et même tonitruante,
grandiose et bouffie de patriotisme, mais prenante par son souffle
épique et théâtral. Par sa relative lourdeur, ça n'est pas vraiment un
chef-d'œuvre, mais c'est efficace, coloré, vivant et sans longueur.
A compléter...
ORFF Carl (1895-1982)
Compositeur
allemand, ça n'est pas un grand, et certains mélomanes seraient étonnés
de le trouver là, mais force est de constater que son œuvre la plus
célèbre, Carmina Burana, est séduisante et comporte de beaux passages, dont le célèbre "O Fortuna"
qui ouvre et ferme le cycle, très impressionnant, trop entendu dans
n'importe quoi, mais unique en son genre, et vraiment beau, d'un
souffle exceptionnel... Les Carmina Burana
sont une suite de 24 poèmes tirés d'un recueil du Moyen Âge, et arrangés avec
simplicité pour rendre cette musique facile d'accès. Il y a certaines
vulgarités de ton (qui font penser parfois à de l'opéra italien), mais
justifiées par les textes qui sont surtout des odes aux plaisirs de
toutes sortes, à la vie, à l'ivresse et à l'amour. C'est enlevé,
contrasté, coloré. Une version autorisée par le compositeur se distingue depuis 1968 : Carl
Orff : Carmina Burana, chœur et orchestre du Deutscher Oper de Berlin,
dirigé par Eugen Jochum, avec Gundula Janowitz, Dietrich
Fischer-Dieskau, et Gerhard Stolze
POULENC Francis (1899-1963)
Compositeur
emblématique d'un certain goût français de la première moitié du
XXème siècle, sa musique est assez souvent légère, apparemment
pas très profonde, mais elle recèle quelques pépites. - Concerto
pour 2 pianos en ré mineur,
œuvre alternant passages énergiques, entre Satie et Ravel, et
de beaux passages doux, comme le deuxième mouvement, exquis, et la
fin du premier, où les pianos imitent un gamelang balinais...
-
Stabat mater : œuvre
religieuse globalement calme, douce, d'une assez belle musicalité,
homogène, d'une certaine profondeur discrète et bien élevée,
plutôt sobre.
Sa
musique pour piano seul n'est jamais profonde, et n'a rien qui
marque, mais son atmosphère « Belle époque », voire
années 20-30, est d'une légèreté agréable, entre des morceaux
sautillants un peu à la Satie, mais en plus virtuoses, et quelques
pièces d'une discrète et douce mélancolie.
CHOSTAKOVITCH Dmitri (1906-1975)
Compositeur
russe qui a toute sa vie souffert du régime soviétique, il a
composé une musique au ton souvent sarcastique, grinçant, et même
grotesque, mais aussi sans doute la plus tragique qui soit. Certaines
de ses œuvres sont douloureuses à un point à peine supportable, et ce
sont évidemment les plus belles. Et, comme souvent, c'est dans sa
musique de chambre qu'on trouve les plus fortes, car le petit effectif
instrumental se prête à l'intime et à la profondeur des sentiments. - Quintette avec piano en sol mineur, opus 57 : d'une grande force tragique, intense, paroxystique. - Trio nº2 pour violon, violoncelle et piano en mi mineur, opus 67 :
plus original dans sa facture, et tout aussi émouvant,
on y atteint le comble de la tristesse, dès le début, dépouillé,
où s'étire une mélodie simple et mélancolique d'abord jouée en
harmoniques au violoncelle (ce qui est techniquement très difficile, et
beaucoup de violoncellistes se plantent en concert...) puis au violon.
Musique sublime, à pleurer, on n'a peut-être pas fait plus morbide. - Sonate pour piano n°2 opus 61 : avec un deuxième mouvement lent, grave, dépouillé, beau, et un troisième plus vif, moins triste mais beau aussi...
Il a composé 15 quatuors, dont les plus beaux, les plus doux et les plus tristes sont les 7, 10, 11, 13, 14, et surtout : - Quatuor à cordes n° 8 en ut mineur, opus 110 :
plus
facile d'accès que beaucoup, il a une place particulière dans les quatuors de Chostakovitch, car il a été écrit en hommage "aux victimes de
la guerre et du fascisme", après un séjour dans la ville allemande de
Dresde, dévastée par les bombardements. C'est une œuvre plutôt courte
(20 minutes), intense, tragique, sans aucune longueur, d'une très
grande puissance émotionnelle. Chostakovitch en disait : "Enfin, j'ai écrit une œuvre que je voudrais qu'on joue à mon enterrement". - Quatuor à cordes n° 15 en mi bémol mineur, opus 144 :
l'une des toutes dernières œuvres de Chostakovitch, est aussi son
dernier quatuor et l'aboutissement de sa démarche. Composé uniquement
de mouvements lents, à aucun moment il ne quitte la tristesse et le
dépouillement. Musique peu mélodique, qui fait immanquablement penser à
la mort, elle s'étire sans fin. Le compositeur en disait lui-même
(d'après wikipedia) : "Il faut le jouer de telle sorte que les mouches
tombent mortes du plafond et que les spectateurs commencent à sortir de
la salle par pur ennui". Il savait qu'il allait mourir. Difficile d'accès, mais un sommet absolu, non pas dans l'ennui mais dans la beauté... Personnellement,
je trouve que les meilleurs interprètes de ces quatuors sont le quatuor
Fitzwilliam (et non le quatuor
Borodine, surévalué), car il atteint une plus grande beauté sonore, par une
certaine froideur qui donne à la fois un caractère plus abstrait, plus élégant, et
aussi plus profond...
Chostakovitch
a aussi composé 15 symphonies, de qualité inégale, selon sans doute
la nature des relations qu'il avait avec le pouvoir soviétique, tantôt
au service de la propagande, tantôt menacé, à la limite de la
dissidence, et désespéré. On retrouve dans beaucoup d'elles une évidente influence de Mahler. Les plus belles pages sont : - Symphonie n°4 en ut mineur
: surtout les 4ème et 5ème mouvements (ils s'enchaînent), avec un beau
final douloureux, tragique, intense, avant de retomber dans une douceur
tendue, où la musique s'éteint comme tombe la nuit sur les ruines fumantes d'un champ de bataille... - Symphonie n°5 en ré mineur
: le premier mouvement alterne des passages émouvants, tragiques,
parfois sublimes, et d'autres dans le style "grotesque" typique du
compositeur, mélangeant le douloureux et l'ironie méchante, notamment
par l'utilisation tonitruante et sardonique des cuivres. Le 2ème, très
proche de Mahler, qui a beaucoup influencé Chostakovitch, a lui aussi
un côté clownesque, mais léger et mélodieux. Le 3ème, lent et triste
mais manquant de caractère, finit par prendre forme et intensité. Le
dernier mouvement est un final tonitruant, comme à la gloire du régime
soviétique, mais comporte un passage doux et triste en son milieu, et
se termine par une montée puissante où une même note obstinément
répétée donne une forte tension. - Symphonie n°7 en ut majeur
: symphonie de plus de 70 minutes, son premier mouvement a ceci de
particulier que, après 5 minutes de musique douce et lente, commence une
longue parade, comme une marche militaire, qui avance de façon
répétitive et irrésistible, comme le Boléro de Ravel, montant peu à
peu, sur une dizaine de minutes, d'abord martelée doucement par les
caisses claires et les pizzicati des cordes, puis s'intensifiant de
tout l'orchestre, en une espèce d'apogée, puis retombe après 20 minutes
dans la douceur du début, où résonne pour finir comme un écho de la
marche.... Long mais efficace. Le 2ème mouvement est lent, doux, mais
avec une pointe d'ironie, d'humour grinçant. Le 3ème est lui aussi doux
et triste, avant de virer en une farandole, une valse sardonique. Le
caractère héroïque du dernier mouvement n'est pas passionnant,
mais son final, bien que lourd, est efficace, par son côté répétitif et
lancinant. - Symphonie n°11 en sol mineur
: après un premier mouvement beau, triste, lent, douloureux, le
deuxième, basé sur un thème populaire comme leitmotiv, est lui violent,
rapide, intense et prenant. Le 3ème est lent et funèbre. Le
dernier, aussi le moins beau, est d'un patriotisme un peu lourd. - Symphonie n°15 en la mineur, opus 141
:
la dernière symphonie de Chostakovitch est aussi la plus belle. Il ne
faut pas se laisser rebuter par le caractère clownesque du premier
mouvement, dans le goût grotesque qui est la signature du
compositeur, où l'on entend des citations de la célèbre ouverture de
Guillaume Tell (Rossini), car la beauté triste du 2ème mouvement
est d'un tout autre style. Il est profond, grave, débutant par un solo
de violoncelle, puis s'étoffe, change de thème, la tension monte, puis explose sur des cuivres éclatants, en un rythme martial
imposant et ample, avant de retomber dans la douceur d'une sorte de
sonnerie aux morts sur fonds de cordes transparentes, mystérieuses
et lugubres. Le court 3ème mouvement, qui enchaîne sans silence,
surprend par l'irruption, à nouveau, d'un ton narquois, fantasque,
moqueur, grinçant. Mais le 4ème mouvement, d'un quart d'heure,
constitue l'un des chefs-d'œuvre de Chostakovitch : il débute par une
mélodie aux violons, sensible, délicate, puis le mouvement glisse vers
une tristesse de plus en plus grande, s'assombrit en même temps
qu'elle prend de la force, s'intensifie, éclate enfin dans un thème
puissant et déchirant de douleur, d'une intensité presque insoutenable,
avant de retomber dans un quasi silence, où ne restent que quelques
percussions, violoncelles et contrebasses jouant doucement, retenus...
Le joli thème du début, innocent et nostalgique, réapparaît, fragile,
et laisse bientôt place à une partie de percussions très douces,
délicates, sur un tapis de cordes tendues et lointaines, progressant
vers la fin, le silence et la mort, comme un cœur s'arrête de battre.
L'un des plus beaux finals de symphonies qui soient...
MESSIAEN Olivier (1908-1992)
Compositeur français, l'une de ses œuvres les plus connues et les plus accessibles est le "Quatuor pour la fin du Temps",
composé en camp de concentration en 1940, pour piano, violon,
violoncelle et clarinette. C'est une œuvre très émouvante,
particulièrement les mouvements 5 et 8, tous les deux lents, l'un
unissant le piano et le violoncelle, l'autre le piano et le violon.
Musique profonde, intense et souvent dépouillée. Hormis les deux
mouvements cités, plutôt difficile d'accès.
A compléter...
BRITTEN Benjamin (1913-1976)
Compositeur
anglais, découvreur de Kathleen Ferrier, il a écrit une musique claire,
peu chargée, à l'instrumentation généralement dépouillée, au ton
original. Parmi ses plus belles œuvres, on compte le War Requiem opus 66, œuvre monumentale écrite après la deuxième guerre mondiale en hommage
aux victimes, et alternant les textes traditionnels du requiem romain
et des textes écrits dans les tranchées de la première guerre mondiale
par le poète anglais Wilfred Owen, qui y mourut en 1918. Conçue pour un
effectif important, cette œuvre réunit un orchestre symphonique, un
orchestre de chambre, un chœur d'hommes et de femmes, un chœur
d'enfants (garçons), un petit orgue, et des solistes : un baryton, un
ténor et une soprano. L'œuvre est sombre, violente,
tendue, d'une grande force émotionnelle, et s'achève sur une prière des
morts ("Let us sleep now in paradisium") particulièrement belle,
tandis qu'une cloche funèbre appelle au silence. Il existe sans doute
d'autres
versions honorables, mais la référence reste celle enregistrée et
dirigée par le compositeur lui-même, avec les interprètes qui ont créé
l'œuvre en public : Britten : War Requiem op 66, Galina Vishnevskaya (soprano), Dietrich Fischer-Dieskau (baryton) et Peter Pears (ténor), London Symphony Orchestra dirigé par Britten (1963) Britten a composé un certain nombre d'opéras, dont le plus beau est aussi le plus dépouillé : Mort à Venise,
d'après la nouvelle de Thomas Mann (portée au cinéma par Luchino
Visconti). C'est une sorte d'opéra de chambre, si on tient compte de
l'effectif orchestral, d'une certaine pureté musicale, où on retrouve
le
style apparemment simple et léger de Britten, mais qui montre bien le
combat moral et la déchéance de cet homme amoureux de la beauté d'un
adolescent. Un très bel opéra, unique en son genre, mêlant
gravité, légèreté, grotesque, finesse et pureté.
A compléter...
LIGETI Györgi (1923-2006)
Compositeur
roumain parmi les plus importants de la deuxième moitié du XXème
siècle, il a écrit des pièces d'une intensité dramatique parfois
difficile à supporter, avec des effets jouant sur la densité de la pâte
et de la masse sonores, où on ne distingue plus vraiment les timbres
des instruments qui se fondent.. - Requiem
: en quatre parties, il ne ressemble à aucun autre, et joue beaucoup
sur ce principe de fusion des timbres en une masse indistincte et ici
monstrueuse. Dans le Kyrie
(2ème partie), passant du presque inaudible à des accès de violence,
les chœurs mêlent les voix en un flux indistinct, qui s'intensifie peu
à peu en une grande masse sonore grouillante, foisonnante, lancinante
et angoissante, d'une tension extrême. C'est sans doute ce qu'on a
écrit de plus angoissant, de plus intense. C'est à la fois complètement
effrayant et sublime. On est dans un univers sonore inconnu où les
repères sont perdus, et où l'auditeur est submergé par un flot presque
irréel qui semble être la voix de l'univers entier... A noter que le
cinéaste
Stanley Kubrick a beaucoup utilisé cette musique (dans "2001,
Odyssée de l'espace" notamment).
Le
troisième mouvement est le plus âpre, le moins séduisant.
- "Lontano"
: on retrouve un peu les mêmes effets de masses sonores étirées et
fondues que dans le Kyrie du Requiem, mais cette fois sans les voix, et
avec de la douceur, produisant de beaux sons diaphanes, éthérés... - "Atmosphères" : même remarque, en un peu plus violent...
- "Lux aeterna"
pour chœur mixte à 16 voix a cappella : pièce de 8 minutes sur le même
principe de timbres fondus en une masse uniforme, moins tendue que le
Requiem. - "Clocks and clouds"pour
12 voix de femmes : un peu sur le même principe de masse sonore
indistincte et longuement étirée, c'est une œuvre plus douce, moins
tendue, sans doute grâce à des sonorités profondes et lumineuses, où
les
instruments se mélangent avec les voix de femmes utilisées elles aussi
comme des
instruments. - Quatuor n°1 "Métamorphoses nocturnes"
: premier quatuor à cordes de Ligeti, il enchaîne 8 mouvements
très influencés par les quatuors de Bartok (rythme des passages vifs). C'est une belle œuvre tendue et triste. - Quatuor n°2
: un quatuor à cordes dense, tendu, fourmillant, vivant, fin, avec un
merveilleux cinquième et dernier mouvement... Un bijou absolument
parfait, taillé dans du diamant. La version par le quatuor La Salle me semble la plus fine, la plus subtile. - "Ramifications"
pour orchestre à cordes : dans le même esprit que le deuxième quatuor,
une œuvre dense, tendue, jouant sur la finesse des textures sonores
des cordes.
- Concerto pour violoncelle
: 2 mouvements, dont le premier est le plus beau, doux et tendu, tout
en finesse, aux timbres délicats et denses, tandis que le second, en
partie moins séduisant, est plus animé et fait éclater des accès de
vents.
- Double concerto pour flûte, hautbois et orchestre
: même esprit de fusion des timbres, d'unisson, de flottement des
phrases, surtout dans le premier mouvement.
Tout cela est franchement difficile d'accès, mais très beau.
- Concerto pour violon et orchestre
: plus classique, cette œuvre d'une demi-heure en 5 mouvements n'a pas
les effets de masses sonores fondues, mais a une beauté étrange,
alliant tension et profondeur.
- 10 pièces pour quintette à vents
NONO Luigi (1924-1990)
Compositeur
italien connu pour ses engagements politiques au parti communiste qui
influenceront sa musique, notamment ses textes, il fut l'un des
musiciens les plus radicaux du XXème siècle. Il a notamment basé
certaines de ses œuvres sur des procédés aléatoires, et un travail sur
bande magnétique, mêlant électronique, instruments acoustiques et voix.
Parmi ses œuvres les plus appréciées, la plupart sont de la dernière
période de son travail, pendant les années 80 : - "Fragmente-Stille, An Diotima" pour quatuor à cordes : les instruments rompent le silence par éclats, d'une grande densité sonore, comme sculptés,
parfois indépendamment les uns des autres, ou liés en longs traits mystérieux produisant
une tension à la fois forte et calme... Une des œuvres maîtresses de
Nono et du XXème siècle. - "Hay que caminar", soñando,
pour 2 violons : dans la même lignée que les "Fragmente-stille", cette
pièce de 1989 est une des toutes dernières du compositeur.- "No hay caminos, hay que caminar... Andrei Tarkovski",
pour 7 groupes instrumentaux et vocaux : en hommage au cinéaste mort
l'année précédente (l'œuvre est de 1987), cette œuvre de 25 minutes
est elle aussi pleine de silences et d'éclats, parfois puissants
(percussions notamment), parfois à la limite de l'audible... Beaucoup
de tenue, de retenue et de profondeur... - "La lontananza nostalgica utopica futura". Madrigale per più caminantes con Gidon Kremer, pour violon solo et huit bandes magnétiques.
GOUBAÏDOULINA Sofia (1931-pas morte)
On trouve aussi "Gubaidulina"... Compositrice
russe très inspirée par la musique sérielle (allez voir sur wikipedia),
sa musique est ample, épurée, et laisse beaucoup de place au silence et à la lenteur. - "Offertorium", concerto pour violon et orchestre, est l'une de ses œuvres les plus importantes.
Même si les dissonances et les violences de cette œuvre risquent de vous faire fuir,
elle est puissante, douloureuse, et son dernier mouvement, très beau, dense, pur, d'une grande tension
dramatique, va vers une sorte d'apaisement... - "Introitus", Concerto pour piano
: musique dépouillée, élégante, profonde, hypnotique et triste, avec sa
partie de piano répétitive et sombre, même si les dernières minutes de
l'œuvre sont moins captivantes. - "Le danseur de corde",
pour piano et violon, est aussi une œuvre intense, tendue à l'extrême,
d'une grande beauté et d'une grande pureté, surtout sa deuxième partie
(moitié). - Quatuor à cordes n°3 : très fin, doux, léger, avec de longs passages en pizzicato, c'est aussi une pièce délicate, pure, dépouillée et belle...
Les
deux premiers quatuors et le trio à cordes sont beaux également.
-
"Silenzio" pour
accordéon, violon et violoncelle : lent, profond et doux.
-
"In Croce" pour
accordéon, violon et violoncelle : douloureux, tendu, épuré,
intense, dépouillé, élégant, etc...
Musique
difficile d'accès.
PENDERECKI Krzyztof (1933-pas mort)
Compositeur
polonais, il est l'auteur d'un Dies irae,
oratorio à la mémoire des victimes d'Auschwitz,
qui, comme son nom le
laisse entendre, est une œuvre très forte, violente, tragique,
d'une intensité à peine soutenable, mais très belle, bien que
difficile, traitant admirablement son sujet... Comme il en existe de
mauvaises interprétations, je précise celle qui rend pleinement
justice à cette œuvre, et qui fut celle de sa création en 1967 :
Dies
Irae - Auschwitz oratorio : Stefania Woytowicz (soprano), Wieslaw
Ochman (ténor), Bernard Ladysz (basse), chœur et orchestre
philharmonique de Cracovie sous la direction de Henryk Czyz.
SCHNITTKE Alfred (1934-1998)
Compositeur russe d'origine allemande, comme son nom le laisse supposer,
PÄRT Arvo (1935-pas mort)
Compositeur
estonien, c'est un mystique dont la musique très pure porte l'empreinte
de sa religiosité, ce qui lui donne une force expressive très grande.
Musique assez simple d'apparence, elle est très belle, fascinante,
émouvante, touchant tout le monde, car ses pièces les plus connues sont
faciles d'accès : - "Tabula Rasa" pour deux violons, orchestre à cordes et piano préparé
: une pièce d'une très grande intensité, et d'une force tragique
exceptionnelle. Tout y est tendu à l'extrême et bouleversant. Sans
doute son chef-d'œuvre le plus connu, et une très bonne entrée dans ce
type de musique, à la portée de tout le monde. - "Fratres" pour violon et piano :
à peu près dans le même style, c'est une œuvre très pure,
dépouillée et sublime, profondément émouvante. Il en existe plusieurs
versions, mais il me semble que celle pour violon et piano est la plus
recommandable... Là encore, c'est une musique facile d'accès. - "Spiegel im spiegel" pour violon et piano : espèce de berceuse très douce, très pure, très belle. - "Pari Intervallo" (version pour
orgue) : courte pièce de 5 minutes, écrite à l'origine pour 4 flûtes à
bec, la version pour orgue est très belle, très douce, lente,
méditative et mélancolique. Un petit bijou. - "De profundis" : une autre pièce courte et très belle, pour chœur et orgue, simple, sombre mais montant peu à peu vers la lumière. - "Summa"
: encore une pièce aux alentours de 5 minutes, minimaliste, plutôt
calme, paisible, dont il existe une version pour chœur et une autre
pour cordes, belles toutes les deux...
REICH Steve (1936-pas mort)
Compositeur américain emblématique
de ce qu'on appelle la musique minimaliste et
répétitive, il a composé des pièces où la musique donne l'impression
d'avancer doucement en tournoyant, évoluant peu à peu en prenant de
l'épaisseur, des couleurs plus riches, plus variées, mais centrées sur
des cellules rythmiques qu'on peut juger soit (très) lassantes, soit
hypnotisantes et fascinantes, selon la sensibilité de l'auditeur... Ce
sont souvent de longues pièces, en raison même du principe de
construction évoqué. Lorsque ça fonctionne bien, cette musique donne
une impression d'apesanteur, de clarté et de balancement. L'œuvre la
plus appréciée dans ce style est : - "Music for 18 musicians": cette œuvre illustre parfaitement ce que je viens de présenter : près d'une heure
de montée vers la lumière, en une lente évolution très répétitive, enchaînant 14 parties dans un
même flux, rythmé par des marimbas, vibraphones et xylophones, dont le
jeu inspiré des gamelang balinais donne une couleur exotique à
l'ensemble. Sur cette base se greffent des cellules mélodiques simples
d'autres instruments, notamment de 4 pianos, 2 clarinettes basse dont
le timbre profond accompagne
certains passages importants sur des notes répétées, avec un effet de
montée et descente de volume qui donne l'impression d'un objet qui
passe et s'éloigne... Il y a aussi 4 voix de femmes, mais utilisées
comme des instruments, se fondant totalement dans la masse sonore... Il
faut avoir entendu cette pièce au moins une fois et s'être laissé
bercer... - "Eight Lines" : un peu dans le même style, on peut aussi apprécier cette
pièce à huit voix, comme son nom l'indique, d'un quart d'heure environ,
basée sur des rythmes très répétitifs et entraînants, utilisant 2
pianos comme instruments percussifs, opérant ainsi une sorte de
fascination hypnotique, auxquels s'ajoutent deux quatuors à cordes,
deux flûtes et deux clarinettes. Il faut se laisser emporter pour aimer
cette musique...
Illustrant un autre aspect du travail de Reich,
on peut évoquer certaines œuvres mêlant aux instruments d'orchestre
des bandes magnétiques avec des enregistrements de voix et autres
bruits de rue, traités comme des éléments musicaux. Ainsi, parmi les
pièces les plus réussies, on compte : - "City Life"
: composée à partir de bruits de la ville de New York, cette pièce de
près de 25 minutes n'en est pas moins jouée par un orchestre d'une
petite vingtaine de musiciens, et comprend plusieurs mouvements où les
alarmes, coups de frein, bruits de chantier et paroles de passants font
partie intégrante de la musique. Je ne parlerai pas de chef-d'œuvre... - "Different trains"
: à peu près dans le même esprit, mais cette fois centrée sur des
bruits de train, et l'allusion aux trains de la deuxième guerre
mondiale, il s'agit d'une pièce de 27 minutes pour quatuor à cordes et
bandes magnétiques, en trois mouvements, obstinément répétitive, où les
voix, les sifflets de locomotives et les bruits de sirènes occupent une
grande place. Là non plus, je ne parlerai pas de chef-d'œuvre, mais
c'est assez fascinant... Je cite ces deux pièces pour les curieux.
GLASS Philip (1937-pas mort)
Compositeur
américain lui aussi mondialement connu comme représentant de la musique
minimaliste et répétitive, il est l'auteur de pièces basées en effet
sur des cellules
mélodiques et rythmiques tournoyantes qui ont un effet hypnotique.
Parmi ses œuvres les plus connues et les plus appréciées, il y en a de
très accessibles, qui se sont nettement éloignées du minimalisme et
sont
de facture plus classique : - Company pour orchestre à cordes, pièce sombre en 4 mouvements qui ont quelque chose d'automnal. - Concerto pour violon et orchestre, particulièrement le deuxième mouvement, très émouvant. Deux œuvres belles et envoûtantes qui devraient vous séduire facilement.
D'autres à venir...
Si mes avis vous intéressent,
vous pouvez en retrouver sur le site Amazon, où je laisse des
commentaires, sous le pseudonyme EB : Commentaires EB
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